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AUTOUR DE CHÂLUCET
(SAINT-JEAN-LIGOURE, HAUTE-VIENNE) :
ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE MÉDIÉVALES

(RECHERCHES 2001).

Patrice Conte, Sylvie Campech, Christian Rémy

 

 

L'année 2001 a vu la poursuite des recherches engagées sur le site de Châlucet depuis 19981 par plusieurs équipes associées et coordonnées par le Service Régional de l'Archéologie (Direction Régionale des Affaires Culturelles du Limousin). Pour 2001, les travaux de terrain ont porté sur les abords immédiats du château neuf où une équipe du bureau d'études Hadès a étudié à la fois la barbacane protégeant l'entrée du château, des parties de l'enceinte délimitant les lices et un bâtiment à contreforts qui s'avère être l'une des chapelles du site, ce dernier édifice ayant fait l'objet d'une première reconnaissance en 20002. Au nord de ce premier secteur, à quelque 150 mètres en direction de la confluence des rivières Briance et Ligoure, la fouille programmée initiée en 1999 s'est poursuivie, cette année, par l'extension des recherches portant sur l'agglomération castrale du bas Châlucet et par une première phase d'étude de la tour « Jeannette » sous la forme d'un sondage. Parallèle­ment à ces investigations de terrain, l'étude des sources écrites concernant le château et ses possesseurs a été poursuivie.

Rappelons que les recherches archéologiques réalisées sur le site se développent sous deux formes : l'une accompagne, voire précède les travaux de mise en valeur et de mise en sécurité des ruines engagés par le Département de la Haute-Vienne, propriétaire du site : il s'agit, en 2001, des fouilles précédemment mentionnées portant sur la zone précédant le château neuf ; l'autre participe d'une recherche programmée dont les objectifs et le déroulement sont régulièrement soumis à validation de la Commission Interrégionale de la Recherche Archéologique 3.

On notera, enfin, que l'année 2002 sera marquée par une première phase de mise en valeur de certains vestiges archéologiques ou monumentaux. Elle se traduira par la cristallisation et la présentation des ruines de la chapelle, la stabilisation et la mise en sécurité de certaines parties du village du bas Châlucet et l'aménagement pour la visite de la tour « Jeannette »4.

 

 

  1. DERNIÈRES RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES SUR LE HAUT CASTRUM DE CHÂLUCET

par Sylvie CAMPECH

Cet article présente les résultats provisoires 5 de plusieurs opéra­tions touchant la « pointe nord » du haut castrum : la barbacane nord (zone 9), la défense avancée (zone 8), la chapelle (zone 10) et l'espace compris entre ce bâtiment et la « porte du capitaine (zone 11) (fig. 1). Ces études se sont déroulées entre mars 2000 et mai 20016.

 

01

 

La toute première activité humaine que l'on observe au nord de l'éperon est l'exploitation d'une carrière de pierres probablement en liaison avec un chantier de construction proche, pour l'instant indéterminé (château ? habitats du castrum ? enceinte ? ...). Les traces de débitage des blocs ainsi qu'un tertre de pierres non utilisées, resté sur place, ont été reconnus dans la zone 10 (la chapelle) (fig. 2).

 

02

 

Les excavations formées par l'exploitation de cette carrière sont remblayées avec les déchets de taille afin de former, à l'ouest de la zone 10, une terrasse horizontale. Cette dernière ainsi que le socle rocheux, à l'est, conservent les traces d'une occupation matéria­lisée par des sols d'habitats (cailloutis), un foyer et d'autres aménage­ments domestiques (cuvette creusée pour caler une céramique). L'espace ouest pourrait bien avoir été en fonction pendant une période assez longue, puisque son sol fait l'objet d'un entretien. Ainsi, il est rechargé ponctuellement par une nouvelle surface empierrée.

À ces sols reconnus (fig. 3) doivent être associées des maçonneries difficiles à recaler pour l'instant dans la stratigraphie : le MUR 10.25, conservé sur trois assises, délimitant une unité d'habitation ouest et une maçonnerie indéterminée (à l'est), conservée sur deux assises. Cette première occupation appartient à une période indéterminée, peut-être assimilable aux constructions primitives du Castrum Luceti ?

Cette zone (no 10) fait ensuite l'objet d'une restructuration. Un bâtiment à contreforts est édifié, entraînant la destruction des bâti­ments antérieurs (fig. 4). Il n'en reste, en élévation, que trois murs (sud, ouest et nord). Les maçonneries sont puissantes, entre 1,60 m et 1,30 m de large, et de belle facture (utilisant un mortier de chaux maigre). Aucun sol lui correspondant n'a été reconnu. Le premier niveau repéré est donné par deux trous d'encastrement qui sont conservés en partie haute. Ils correspondent probablement à l'emplacement des sablières d'un ancien plancher.

D'autres constructions, actuellement isolées stratigraphiquement, mais antérieures aux remaniements que va entraîner la création de la chapelle, appartiennent peut-être à ce nouvel état : il s'agit de sols ponctuellement observés et de vestiges de maçonneries, à l'ouest, qui pourraient correspondre au mur oriental du bâtiment à contreforts 7.

 

1.2. LA CHAPELLE

L'édifice 8 occupe l'extrémité de la plate-forme rocheuse qui se développe au nord du castrum de Châlucet haut (zone 10, fig. 1). Il est orienté, de plan rectangulaire et à chevet plat (fig. 5). Cette chapelle est construite par l'extension vers l'est du bâtiment à contreforts, ce qui entraîne la destruction de son mur oriental. Le maître d'oeuvre du nouvel édifice reprend le principe des contreforts, peut-être pour harmoniser les parties neuves avec les murs préexis­tants. Bien que très proches, dans leur mise en oeuvre du bâtiment précédent, les murs de la nouvelle construction apparaissent toutefois de moindre qualité (un appareil moins soigné lié à l'argile, des murs moins épais de 1 m à 1,15 m).

 

03

 

On accède à la chapelle par le portail sud très mal conservé. L'entrée étant surélevée, un escalier de quatre marches permet de rattraper le dénivelé. La quatrième marche, avant le seuil, plus large, forme un palier (fig. 5). La mise en oeuvre de cet escalier est peu soignée. Le matériau utilisé est presque exclusivement du schiste (on compte seulement deux pierres en granite). Les grandes dalles des girons sont calées par des cailloux et des plaquettes ou dallettes liés à un limon marron fin et homogène (fig. 6).

 

04

Face à l'entrée, contre le mur nord, est placée la cuve baptismale. De forme octogonale, elle est taillée dans un bloc de granite blanc et calée sur un socle maçonné à peu près carré de 1 m x 0,80 m. A l'est, dans le mur sud, est aménagée une niche (sans feuillure). La technique de montage est identique au portail sud (les parois de la niche sont formées par des dalles disposées en placage présentant leur petit côté en parement et leur tête dans l'embrasure).

Cet encadrement utilise de nombreux cailloux. Au centre du chevet, se trouve un socle maçonné de 1,60 m sur 1 m, ayant dû servir d'autel.

Le traitement des surfaces. — La moitié orientale du bâtiment est conçue pour former un podium dallé surélevé auquel on accède par plusieurs emmarchements (fig. 5 et 6). Un socle de blocs et de cailloux forme le plan de l'agencement primitif de ce podium. Un palier au débouché de l'escalier desservait deux marches qui occu­paient toute la largeur du choeur et permettaient d'accéder au podium dallé autour du socle de l'autel. Au nord du premier palier, deux marches supplémentaires se distinguent, longeant le mur nord.

Ce premier aménagement du choeur de la chapelle se caractérise par l'utilisation de nombreux réemplois de pierres taillées en granite, complétée de dalles de schiste. La mise en oeuvre de ce podium, contrairement aux murs, est de belle facture.

Au sud, contre l'escalier d'entrée, c'est l'absence de dallage et d'emmarchement (fig. 5) qui permet d'identifier un espace individua­lisé (de 1,70 m x 1,40 m). Le sol de cette spécifique est constitué d'un simple cailloutis damé.

La moitié ouest (la nef) semble, dans un premier temps, n'avoir eu qu'un sol de terre battue à la surface des remblais de nivellement de l'espace. Puis, dans un délai impossible à évaluer, des espaces sont individualisés. Tout d'abord à l'angle nord-ouest, un espace carré de 1,78 m sur 1,68 m est délimité par une cloison de bois dont ne subsiste aujourd'hui que la rainure d'ancrage des planches dans la chape de mortier qui constituait son sol.

Un autre espace est accolé au précédent à l'est. Il n'en subsiste qu'un fragment du sol de mortier le long du mur nord. Cette chape est amputée au sud, formant actuellement une limite est-ouest irrégu­lière.

Le podium oriental a fait l'objet de réfections ponctuelles â travers le temps. Sans parler de réaménagements, ces réparations ont toutefois modifié l'agencement initial ne respectant plus exactement le plan dessiné par le solin de pierres d'origine (fig. 6 et 7). Elles sont caractérisées par une mise en oeuvre de moindre qualité (les éléments sont posés sur une couche de terre et de cailloux) et par l'utilisation de fragments de briques. On peut attribuer ces réfections à l'entretien des surfaces rendues vétustes par la fréquentation du lieu, mais aussi aux inhumations pratiquées sous le dallage.

Le traitement des murs. — Un revêtement mural est partiellement conservé sur les parements intérieurs du bâtiment (murs sud, ouest, nord et contremarche du choeur). La surface de cet enduit est badigeonnée d'un lait de chaux de couleur crème lissé par endroits. On observe, sur certains lambeaux des stries qui rayent la surface de l'enduit. Ailleurs, on reconnaît des vestiges de pigment coloré rouge. Ce revêtement est mal conservé. On en trouve des fragments dans la couche de destruction. Parmi ces fragments, un motif de ligne est reconnaissable. En revanche, les traces visibles sur les murs ne forment aucun motif reconnaissable.

La couverture de la chapelle. — Le remblai de destruction nous renseigne sur le mode de couverture de l'édifice, dans son dernier état. Cette toiture était constituée essentiellement de dalles de schiste, avec quelques parties en tuiles plates pouvant correspondre à des réparations, à des vestiges d'une toiture plus ancienne ou à une couverture mixte. Les tuiles canal, présentes en faible quantité, sont probablement utilisées pour la faîtière 9. La répartition des matériaux de couverture sur l'ensemble du bâtiment est très irrégulière : à l'ouest de l'édifice, les dalles et dallettes de schiste sont dominantes, les tuiles à crochets souvent concentrées, par endroits, étaient plus nombreuses au centre et dans la moitié orientale.

 

05

 

Les inhumations. — La chapelle a servi de lieu d'inhumation, neuf sépultures d'adultes et d'enfants ont été découvertes : une dans la nef (fig. 8), huit au sud de l'autel (fig. 9).

Les endroits pouvant recevoir des sépultures restent réduits. En effet, un tiers de la chapelle (au centre) ne possède pas la marge sédimentaire nécessaire pour pouvoir y faire sépulture (la surface rocheuse se trouvant à — 20 cm du sol). En revanche, à l'ouest et à l'est, les importants remblais de terrasses le permettent. Il est donc probable que d'autres inhumations sont conservées dans ces secteurs. L'apparence perturbée du dallage au sud de l'autel le confirme. Dans la nef, l'aspect accidenté du sol par endroits n'interdit pas cette possibilité

Ces tombes ne présentent, dans leur conception, aucun critère de qualité (fig. 8 et 9). Elles sont toutes construites suivant le même modèle. Ce sont de simples fosses. Dans la nef, la sépulture 1 possède une couverture en dalles. Au sud du choeur, ce sont les dalles du sol qui forment les couvertures. On a suivi la norme chrétienne d'inhumation, en orientant la tête du défunt à l'ouest. Seul un enfant, probablement par manque de place, a été inhumé selon un axe nord-sud.

 

07  06

 

Les rares dépôts d'objets dans certaines tombes nous renseignent sur la période d'usage de ce « cimetière Trois monnaies 10 ont été retrouvées dans le comblement de la tombe située dans la nef. Elles sont plus probablement un dépôt volontaire qu'une concentration hasardeuse de monnaies. Elles ont alors un critère de datation absolue pour la date d'enterrement du défunt que l'on peut placer entre les années 1329 et 1350. Un chapelet était entrelacé dans les mains d'une défunte (fig. 9). C'est,là une coutume funéraire reconnue, par les archéologues, comme plutôt tardive. La fabrication des chapelets est attestée par les textes dès le mue siècle. Mais son association avec le défunt n'est datée, par les fouilles archéologiques, pour le nord-est de l'Europe, que du xve siècle, voire de la fin de ce siècle ou du début du xvie siècle et plus tardive pour le sud de la France (xvie siècle). Enfin, une croix processionnelle du mue siècle était déposée sur une tombe de bébé. Cet objet funéraire exceptionnel marque probablement l'importance sociale de l'enfant, mais ne date en aucun cas son ensevelissement dans la chapelle. Ce type d'objet cultuel, richement orné, devait traverser les siècles comme tout objet précieux. Son dépôt dans cette tombe reste énigmatique11.

L'usage funéraire de la chapelle semble donc plutôt tardif : du milieu du )(Ive siècle pour les premières inhumations, en nombre réduit, du xvie siècle pour les dernières, plus nombreuses. Quant à la période de construction de cette chapelle, créée moyennant la réutilisation et le réaménagement du bâtiment à contreforts, on ne peut — en l'état actuel de l'étude du mobilier abondant retrouvé en stratigraphie — proposer de datation. On sait que des chapelles sont mentionnées à plusieurs reprises, et très tôt, dans le de Châlucet. Pour autant, il apparaît encore prématuré de prétendre identifier celle-ci.

1.3. LES DÉFENSES AVANCÉES DU CHÂTEAU NEUF
DE GÉRAUD DE MAULMONT

Sur la façade nord du château neuf attribué à Géraud de Maulmont (vers 1270-1280)13, la porte d'entrée est percée à la base d'une tour-porche. Elle est défendue par des mâchicoulis au sommet et par un assommoir. Sans doute pourvue de deux battants, une herse permettait de la condamner. La barbacane protège cette porte principale.

La barbacane. — De plan polygonal (fig. 10), on y accède par une porte ouverte côté orient. Une rampe fermée par une seconde porte conduit ensuite vers la porte du château. La chronologie relative entre les élévations montre que la barbacane est postérieure à la construction du château. Cependant, la porte en granite, pourvue de deux trous barriés, se rattache à un type répertorié dans le château neuf. Si l'on fait abstraction de cette défense avancée, la protection de l'entrée du château est relativement faible. Pour cette raison, on peut penser que le projet de Géraud de Maulmont intégrait déjà cette barbacane, même si elle n'a été réalisée que plus tard, peut-être après sa mort14.

 

08

 

 

Le mur d'enceinte délimitant la barbacane dans son état actuel semble le fruit de plusieurs campagnes de construction. Du premier état, probablement contemporain de Géraud de Maulmont, est con­servé un mur épais de 1,70 m de large, arasé assez bas, et le sol primitif en terre battue de la cour.

Le second état de la barbacane se caractérise par la reconstruction de toute son élévation. Le mur est élargi afin d'y aménager un chemin de ronde et son plan intérieur est incurvé et non plus à pans coupés. La maçonnerie est alors reprise en sous-oeuvre moyennant l'arasement du mur précédent et le creusement d'une tranchée dans le sol et dans les remblais antérieurs de la terrasse.

La muraille, en partie basse, est large (1,90 m). Un premier massif débordant de 0,40 à 0,45 cm à l'intérieur de la barbacane permet de recevoir les grandes dalles d'un chemin de ronde. L'élévation de la courtine se poursuit par un parapet de 1,40 de large. La cour de la barbacane est alors rehaussée afin de ramener le sol de circulation au niveau du chemin de ronde dallé. Un nouveau remblai sert de chape à un sol empierré qui semble en grande partie conservé.

La défense avancée. — À l'ouest, la barbacane est reliée à la courtine occidentale (MUR 8.5) par un mur (MUR 8.6) qui barre l'accès aux lices. Deux portes, une charretière (PORTE 8.2) et une piétonne (PORTE 8.1) permettent de le franchir (fig. 10). Cet ensemble, qui vient prendre appui sur le bâtiment à contreforts de la zone 10, semble mis en oeuvre en même temps que la barbacane.

En revanche, à l'est, la courtine qui ferme la défense avancée sur la barbacane est rajoutée postérieurement entre cette dernière et la chapelle. Elle entraîne une restructuration de l'espace en détruisant des constructions antérieures (MUR 11.9), probablement un habitat postérieur à la chapelle. Un important glacis maçonné (fig. 11) qui suit parfaitement son tracé pourrait lui être contemporain, habillant le pied de cette courtine pour une meilleure défense. Cet étonnant talus contourne, au nord, un autre bâtiment préexistant (muas 11.7, 11.8 et la porte 11.5). Aucun élément ne permet, en l'état actuel de nos recherches, de le dater 15.

 

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1.4. OCCUPATION TARDIVE DE LA CHAPELLE DÉSAFFECTÉE

Plusieurs endroits, dans la chapelle, conservent des poches de charbons et de cendres. Ces épandages charbonneux localisés matéria­lisent la dernière occupation du lieu puisqu'elles sont directement recouvertes par les couches d'abandon et de destruction. Elles rappellent des foyers temporaires, un peu « sauvages ». Il n'est pas impossible que la chapelle désaffectée ait servi d'abri. On peut peut-être mettre cette réoccupation domestique d'un lieu de culte en relation avec la présence de troupes protestantes, entre 1574 et 157716.

Le démantèlement du château en 1594 conduit à l'abandon des lieux. Sur toute la zone étudiée, l'effondrement des toitures et les éboulements des constructions, semblent progressifs. Abandonnés, délabrés, les bâtiments se sont effondrés peu à peu, disparaissant sous les remblais de leur ruine.

  1. LE BAS CASTRUM DE CHÂLUCET
    ET LA TOUR « JEANNETTE »

par Patrice CONTE

La poursuite des investigations archéologiques a concerné, cette année, deux secteurs du castrum : l'agglomération castrale, du moins dans la zone déjà reconnue les années précédentes (fig. 12), au nord de la tour Jeannette, et cette dernière, par une première phase d'étude consistant en un sondage du cul de basse-fosse de la tour, l'étude de l'édifice lui-même devant être réalisée en 200217.

 

10

 

 

2.1. NOUVELLES DONNÉES CONCERNANT L'AGGLOMÉRATION CASTRALE

Les recherches ont porté, en 2002, sur le groupe de trois bâtiments dont la fouille avait été engagée les années précédentes (Bâtiments II, III et IV, fig. 13) en incluant, cette année les abords immédiats de ces édifices, les espaces qui les séparent, enfin, en développant la fouille, vers le sud du bâtiment II dans une nouvelle zone (secteur 2, fig. 13). Au terme de ces trois années d'étude, le groupe de constructions repérées peut être analysé en distinguant plusieurs ensembles bâtis, possédant des caractéristiques spécifiques, à la fois du point de vue de leur organisation interne, de leur architecture et de la position relative des édifices par rapport aux zones destinées à la circulation interne au castrum. Sans développer ici l'analyse 18 on peut différencier deux axes de circulation : l'un situé à l'est de la zone fouillée et qui dessert les édifices et se raccorde à la voirie majeure probablement à mi-chemin entre le secteur étudié et la tour « Jeannette ', l'autre, à l'ouest entre les maisons et le mur d'enceinte du castrum.

Le premier ensemble bâti est identifié au nord. Il est organisé autour d'un bâtiment rectangulaire équipé de contreforts aux angles (Bât. IV, fig. 13). Cet édifice, qui est la dernière construction d'importance jusqu'au mur nord de l'enceinte, s'inscrit au coeur d'une sorte de cour dont la limite sud est matérialisée par deux murs (Mr. 05 et 18) de même orientation que le bâtiment à contrefort. L'espace qui entoure ce dernier n'est connu que partiellement, toutefois, dans la partie fouillée, plusieurs aménagements (murs arasés, constructions...) évoquent la présence d'édifices moins importants, soit adossés au bâtiment IV, soit très proches . Pour certaines de ces constructions, un mode de construction mixte, associant solins de pierre et élévations en matériaux périssables (pan de bois et torchis), peut être avancé. Leur position et le fait que l'on ne trouve que peu d'aménagements internes et de mobilier archéologique permettraient de leur conférer un rôle d'annexes, probablement domestiques, au bâtiment principal. La fouille en cours de ce dernier livre désormais de nombreuses données sur son organisation architecturale originelle. On peut ainsi restituer l'image d'un bâtiment assez haut (plus de 8 m) possédant au moins un étage et sans doute un second, sous combles, équipé d'au moins une baie d'éclairage géminée et probablement de latrines à l'étage. L'accès se faisait au rez-de-chaussée par une porte unique, voûtée en berceau et située dans le mur nord. La fouille a par ailleurs démontré la présence d'un appentis, immédiatement au sortir du bâtiment, sorte de protection de son entrée. Malgré une conservation très partielle des élévations (au maximum 2,30 m), il est donc possible de restituer ici un type de construction élaboré qui n'est pas sans rappeler la précédemment étudiée , le long de l'enceinte au sud (Bât. I, secteur 11, fig. 12).

Le second ensemble bâti s'étend sur toute la largeur de l'espace fouillé, au sud du précédent, entre l'enceinte située à l'ouest et la ruelle à l'est. Il est formé par les deux bâtiments jointifs II et III. La fouille montre que le premier édifié est le bâtiment III, formé d'un rez-de-chaussée et d'au moins un étage. Son ouverture principale est située dans le mur est, une seconde existe, à l'opposé, dans l'angle sud-ouest de la construction mais n'est peut-être qu'un simple « jour » destiné à l'éclairage de la pièce ainsi que probablement à l'évacuation des déchets. La stratigraphie interne de ce bâtiment révèle, sous un remblai d'effondrement d'un à deux mètres d'épaisseur des murs et de la toiture de plaques de schiste, deux séquences d'occupations séparées par un épandage volontaire d'une couche de sable compacte fossilisant les structures du premier état et un mobilier archéologique relativement abondant formé de débris cérami­ques, petits objets métalliques et verre. Si ce premier sol d'occupation traduit bien une fonction domestique et résidentielle — deux foyers culinaires ainsi que le mobilier archéologique sont là pour en témoigner — le second reste plus difficile à caractériser à l'heure actuelle . Le bâtiment II est construit dans un second temps, il s'appuie sur le précédent, le mur Mr. 07 devenant mitoyen pour les deux constructions. L'édifice se développe avec un plan trapézoïdal jusqu'à la ruelle en englobant la descente de la cave 1. Une large porte charretière (0.P. 01) précédée d'un pavage grossier et d'une baie (soupirail de la descente de cave) complètent l'aménagement de la façade du rez-de-chaussée. Plusieurs indices architecturaux et stratigraphiques évoquent, une nouvelle fois, la présence d'un étage qui a pu être équipé d'une cheminée monumentale comme le laissent supposer la découverte de deux épaves lapidaires pouvant appartenir à ses piédroits. Au rez-de-chaussée, plusieurs foyers apparaissent, soit délimités par une construction, soit sous la forme d'aires fortement rubéfiées. Une banquette complète l'équipement domestique de cet espace, au pied du mur sud (Mr. 02, fig. 13). Rappelons, enfin, que cet édifice possédait une toiture de tuiles plates à rebord et de tuiles courbes .

 Le troisième ensemble bâti ne nous est encore que très partielle­ment connu, sa découverte ne datant que de la présente campagne de fouille. Il se développe immédiatement au sud du bâtiment précédent (secteur 2, fig. 13). Avant fouille, le relief du terrain pouvait laisser penser à un espace étroit, probablement non couvert, sorte de venelle distribuant plusieurs maisons dans cette partie du site. Au terme de la présente campagne, cette hypothèse s'avère fondée, mais seulement en partie. En effet, la fouille a bien mis en évidence une fonction de distribution et de circulation à cet espace où l'on peut dénombrer pas moins de quatre ouvertures (cinq, si l'on inclut le passage vers une nouvelle cave), mais elle montre aussi que cet espace était couvert et possédait également un étage. Par ailleurs, la découverte de deux foyers et d'un nouveau départ de cavité témoigne encore de son rôle utilitaire. Enfin, à l'instar du bâtiment voisin II, on note l'aménagement, devant le seuil de ce nouveau bâtiment, d'un pavage se développant dans la ruelle.

Les recherches de terrain commencent donc à livrer une documen­tation archéologique inédite sur l'organisation d'un castrum limousin et sur la morphologie de l'habitat qui lui est associé. Les maisons diffèrent parfois dans leur architecture générale et leurs proportions : maison étroite et haute composée de plusieurs étages, agrémentée de baies ébrasées dans le cas du bâtiment I, maisons plus massives dans le cas des bâtiments II et III, mais possédant cependant au moins un étage, enfin « maison-tour (bât. IV) équipée de contreforts et rappelant, toutes proportions gardées, certaines tours présentes sur le site (tour Jeannette », donjon du château supérieur).

Sur ce dernier point, on notera qu'un repérage effectué sur l'ensemble du site a permis de recenser sept constructions, toutes catégories confondues, adoptant le principe du contrefort. Ce constat montre ainsi que cette caractéristique architecturale a certainement été fréquemment utilisée dans les principes constructifs des bâtiments dans une fourchette qui reste à préciser, entre la fin du xne siècle et le xe siècle sur le site, mais aussi probablement dans le reste de la vicomté de Limoges.

Si l'essentiel de la campagne 2001 a privilégié la poursuite de l'exploration de l'ensemble formé par les bâtiments II, III et IV et leurs abords, des observations ou interventions ponctuelles ont pu être effectuées en d'autres secteurs du castrum. Ainsi, la réfection24 des maçonneries de l'enceinte a permis de repérer, dans l'angle intérieur nord-est de celle-ci (secteur 28, fig. 13) l'amorce d'une voûte en berceau et un mur transversal délimitant une nouvelle structure bâtie (cave ou rez-de-chaussée) d'un bâtiment adossé au rempart et situé à une altitude beaucoup plus basse que les autres constructions déjà étudiées. L'organisation de l'habitat au sein de l'agglomération ne repose donc pas seulement sur la répartition « horizontale » des bâtiments et leur position relative les uns vis-à-vis des autres et par rapport aux éléments de circulation mais participe également d'un 't étagement » des. constructions conditionné par la pente naturelle du terrain.

Un second édifice a également été repéré sur le versant oriental, dans un secteur où le tracé de l'enceinte reste encore très largement méconnu. Seul, pour l'instant, un segment de mur et une porte complètement conservée ont été partiellement nettoyés (secteur 29, fig. 13) 25. Ils appartiennent à un bâtiment, également aménagé dans la pente dont il est possible de deviner, parmi les reliefs de terrain avoisinants, l'emplacement des murs sud et nord. Il revient aux recherches futures de déterminer la position de ce nouveau bâti­ment — probable habitation — par rapport au reste de l'agglomération et de l'enceinte ; en effet, il est délicat, dans l'état actuel, de préciser si elle est édifiée à l'extérieur du système défensif ou si elle y participe, comme c'est par exemple le, cas de la maison I sur le flanc oriental du village.

 

11

 

 

Ces trois premières années de recherche permettent donc désor­mais d'apprécier l'organisation d'une partie de l'agglomération et du castrum en témoignant d'une densité de l'habitat et de caractéristiques architecturales plutôt comparables à celles d'un contexte urbain qu'au milieu rural.

 

12

 

 

Les documents écrits permettent, de leur côté, de préciser la situation féodale et d'approcher la sociologie de la micro-société castrale de Châlucet 26. En revanche, la question de la chronologie de l'occupation reste posée, au moins pour ce qui concerne sa phase la plus ancienne. Les repères que nous livrent les documents écrits ne font pas remonter en deçà du milieu du xne s. l'origine du « Castrum Luceti prope Lemovicum » 27, la partition même du site castral en deux entités n'est attestée qu'en 1260 mais on peut supposer qu'elle est déjà acquise antérieurement à cette date. Les données archéologiques n'apportent pas, pour l'instant, d'éléments contemporains de cette période. les vestiges mobiliers (céramiques, monnaies, objets métalliques...) témoignent de la dernière période d'occupation avant abandon qu'il convient de situer entre le dernier quart du xrve siècle et le début du xve siècle, soit, d'ailleurs, à une époque où le site subit l'occupation de bandes armées, d'abord celle de Perrot de Fontaines, dit « le Béarnais », entre 1381 et 1394, puis celle des officiers de la famille d'Albret au xve siècle. L'étude détaillée des mobiliers archéologiques, aujour­d'hui en cours , devrait, à terme, permettre de mieux circonscrire chronologiquement la phase de développement de l'agglomération que les seules données architecturales ne suffisent pas, pour l'instant, à documenter.

Dans le domaine du mobilier archéologique significatif issu de cette dernière campagne, il convient de mentionner la présence de deux objets remarquables découverts tous deux sur les sols d'abandon de bâtiments :

— une crête faîtière de châsse, dégagée sur le sol du bâtiment IV 29;

— une matrice de sceau en bronze, recueillie sur le sol d'occupation du secteur 2 (fig. 15). Cet objet moulé possède une forme tronconique achevée par un tenon percé destiné au passage de la cordelette ou de la chaînette qui devait le compléter. Sa face supérieure est marquée d'une croix incisée après fabrication destinée à orienter correctement l'objet lors de l'apposition du sceau. La surface impri­mante s'ordonne autour d'un écu à décor héraldique, entouré d'un motif géométrique quadrilobé et cantonné de quatrefeuilles. Les armes portées sur le champ de l'écu représentent une bande et trois coquilles. On pourrait les lire de la manière suivante : « de ... à la bande de ..., accompagnée de trois coquilles de ..., posées 2 à dextre et 1 à senestre s. L'inscription périphérique n'est qu'en partie lisible. On peut distinguer « SIGIL/LVM /... ITERII ». La première partie du patronyme reste indéchiffrable ; peut-être faut-il y voir GALTERII" ? Les quelques exemples connus de telles matrices orientent la datation vers les xtve-xve siècles 31. Les armoiries de l'écu ne sont pas identifiées à ce jour. Cependant, l'examen de l'ornementation de cette matrice permet de rapprocher ce sceau armorial d'un certain nombre d'autres exemplaires limousins et de l'attribuer, typologiquement, au )(ive siècle, avec une probabilité plus forte pour le milieu ou la seconde moitié de ce siècle 32.

 

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2.2. LA TOUR « JEANNETTE », PREMIÈRE PHASE DE L'ÉTUDE

La tour « Jeannette » constitue l'édifice le mieux conservé du bas Châlucet. Elle a précédemment fait l'objet d'une première étude (ainsi d'ailleurs que le reste du bas Châlucet) publiée en 1981 33 présentant ses principales caractéristiques architecturales. Cette tour-maîtresse occupe le centre du castrum. L'observation de son environ­nement immédiat suggère de lui associer d'autres structures qui feront l'objet de recherches futures. Au sud, un ensemble de ruines composé de deux bâtiments (ou d'un vaste bâtiment subdivisé en deux ou trois parties) se développe depuis la face méridionale de la tour et lui paraît donc directement associé. Au nord, un fossé isole partiellement cet ensemble et la tour du reste de l'agglomération.

La première phase des recherches 34 a consisté en un sondage réalisé sur les deux tiers de la surface de l'espace intérieur de la tour, au niveau du cul de basse-fosse. Avant fouille, une excavation résultant d'une fouille clandestine 35 était visible au bas de la paroi intérieure du mur sud. La stratigraphie, d'une puissance maximale de 2 mètres, témoigne de plusieurs phases d'aménagement et d'occu­pation :

— la plus ancienne est celle de la construction de la tour. Cette dernière est édifiée sur un pointement rocheux préalablement aménagé : sur deux côtés (nord et ouest) le rocher a été entaillé afin d'ancrer les murs de façon satisfaisante. Des assises débordantes complètent également le dispositif de fondation. Le sol obtenu est donc très irrégulier, les parties les plus profondes, au contact des murs, ont été remblayées avec des matériaux issus de la construction de la tour. Aucun autre type d'aménagement n'a été repéré, ni silo, ni une quelconque ouverture vers un « passage souterrains comme le supposait la tradition légendaire ;

— sur ce sol grossièrement régularisé a été bâti un muret de refend médian à simple parement (orienté est-ouest) d'une cinquantaine de centimètres de haut destiné à contenir un remblai de construction sur l'une des deux moitiés de l'espace intérieur de la tour. Cette construction fruste définissait deux parties à des niveaux différents. La raison d'un tel aménagement reste inconnue : partition de l'espace résultant d'une utilisation différenciée de chaque secteur ou simple rehaussement de la partie proche de l'unique accès à la tour où devait également se situer l'échelle ou l'escalier de bois desservant cette pièce inférieure ?

— recouvrant cette construction et les maigres traces d'une occupa­tion, plusieurs couches témoignent de l'abandon de cette partie de la tour marquée par un incendie comme en témoignent une couche de sédiment brûlé à laquelle sont associés plusieurs fragments de pièces de bois et de débris végétaux ou organiques qui feront l'objet d'une prochaine détermination et d'une datation. On notera que ce niveau a également livré un peu de matériel céramique avec, entre autre, un gros tesson de vase en pâte brun-orangé muni d'une anse cylindrique à décor poli, type de céramique totalement inédit sur le site et d'ailleurs peu fréquent en Limousin 36;

— enfin, la partie supérieure du comblement est formée des couches de rejet provenant du sondage clandestin et des travaux de restauration de la partie sommitale de la tour réalisés dans les années 1960.

Enfin, il a été possible, dès cette première campagne, d'effectuer quelques relevés architecturaux concernant cet édifice, en particulier, celui de l'unique porte d'accès et de son imposant système de ferme­ture 37.

  1. HÉLIE DE MAULMONT SENIOR,
    DOCTEUR EN « L'UN ET L'AUTRE DROIT » (1276)

par Christian RÉMY

On dispose de très peu d'indications sur la formation de maître Géraud de Maulmont, bâtisseur du château neuf de Châlucet 38. Ce personnage, essentiel dans la vie politique limousine du dernier tiers du mire siècle, apparaît dans la documentation à partir de 1262. Il est alors déjà qualifié de Ce prédicat, qui lui est presque toujours attribué par les scribes, semble traduire une forma­tion universitaire. En effet, pour Bernard Guenée, les « maîtres repérés dans le bailliage de Senlis au cours des xrve-xve siècles étaient tous gradués . Joseph Strayer, dans son étude sur les gens de justice du Languedoc, constate le même phénomène . Dans un Midi pétri de culture latine, un personnage qualifié de « maître était forcément un juriste. Pour autant, la documentation actuellement connue ne permet pas de préciser les grades de maître Géraud de Maulmont. Il apparaît, à travers les textes, comme un spécialiste des questions de droit mais on ignore où il a acquis ses compétences juridiques. Il ne fait, en effet, aucun doute qu'il était juriste : ses états de service auprès des vicomtes de Limoges, du comte Alphonse de Poitiers ou d'autres princes, autant que son entrée au parlement de Paris puis son ascension dans la sphère des conseillers de Philippe le Hardi et de Philippe le Bel révèlent une grande efficacité politique mais aussi une aisance certaine dans la maîtrise du droit.

La découverte d'un document inédit permet d'accréditer les suppu­tations qui précèdent. Il s'agit d'un acte original de 1276 conservé aux Archives départementales de la Dordogne 42. Il s'agit d'une transaction entre particuliers, datée du 28 mai 1276, émanant de l'officialité de Limoges. Par cet acte, Pierre Boucher, chapelain de Pensol (capellano de Pansols), et Marie Boucher (Bochieira), sa soeur, vendent à Pierre Davineau (Davineu), fils de Pierre Davineau d'Altavaux (de Altis Vallibus), moyennant 10 livres limousines, leur maison de pierre avec son jardin arrière (domum suam lapideam cum orto sito retro dictant domui) et divers droits afférents (introitibus, exitibus, appendiciis, pertinenciis et juribus), le tout situé à Châlus, sur le marché, entre la maison de Bonne Boucher, femme d'Aymeric du et la maison de Hélie Boucher L'acte précise que le doyen de Saint-Yrieix, vénérable Hélie de Maulmont, docteur en droit civil et en droit canon, en est le seigneur foncier et est redevable d'un cens de 10 sous limousins, payable en deux termes, la moitié à la Nativité de Saint-Jean-Baptiste, l'autre à Noël. Le droit de mutation s'élève à 2 sous

Outre l'intérêt de cette charte pour la connaissance de l'organisa­tion ancienne du castrum et des bourgs de Châlus 43, on doit relever cette mention tout à fait essentielle concernant Hélie de Maulmont. On sait assez peu de choses de ce personnage. Frère — sans doute cadet — de maître Géraud de Maulmont, il apparaît aux côtés de ce dernier comme arbitre désigné par le roi de France dans le règlement du conflit opposant les vicomtes de Limoges aux habitants du Château en 1274-1276. On sait que les deux frères Maulmont ont, à cette occasion, mis à mal les anciennes libertés des bourgeois de Limoges 44. C'est à l'occasion de cette intervention du pouvoir royal mettant fin à la « Guerre de la vicomté o, que Hélie parvint à la tête du chapitre de Saint-Yrieix. Il est, en effet, attesté comme doyen en février 1276 et se maintint à ce poste jusqu'à sa mort, en mars 1294 45. C'est en tant que doyen qu'il fut chargé par le pouvoir royal d'enquêter, avec le sénéchal du Périgord, sur une plainte du vicomte de Turenne contre la création de la bastide royale de Tauriac-Puybrun46. En 1284, il avait acquis les droits de Gui Flamenc sur le de Bré . Il obtint, grâce au soutien du cardinal Jean de Cholet et à de fausses lettres royaux confection­nées par son frère Géraud, à se faire octroyer une prébende au chapitre Saint-Front de Périgueux. Mais l'évêque de ce siège s'opposa à cette attribution et obtint l'intervention du pape en 1288 . L'année suivante, pourtant, Nicolas IV en avait fait l'un de ses chapelains . On le voit apparaître dans quelques chartes en tant que doyen du chapitre arédien mais on ne sait guère plus de choses sur lui . Claude Andrault-Schmitt lui attribue le chantier de l'abside de la collégiale de Saint-Yrieix, édifiée en style gothique rayonnant . On doit le distinguer de son neveu, Hélie chanoine du Dorat en 1292 et clerc au parlement royal en 1298 au plus tard. Ce dernier hérita de Châlucet, à la mort de son oncle Géraud de Maulmont, en 1299, et mourut lui-même dès 1305 .

Ainsi, par ce texte de 1276, l'on apprend que Hélie de Maulmont senior était gradué « en l'un et l'autre droit o. Cette expression signale qu'un clerc était titulaire d'un doctorat de droit civil (ou romain) et d'un doctorat en droit canon (en décrets). On sait que cette double qualité nécessitait de longues années d'étude 53 : être titulaire d'une licence vers 19 ans , puis passer sa licence de droit civil, à l'issue de cinq bonnes années supplémentaires, et son doctorat, avant d'aller compléter sa formation en décrets c'est-à-dire en droit canon et parvenir au grade de licencié en décrets (deux années supplémentaires). Un docteur « en l'un et l'autre droit » était donc souvent trentenaire. Cet acte de 1276 ne nous apprend —directement — rien sur maître Géraud de Maulmont. Mais de savoir que son frère cadet était docteur à la fois en droit civil et en droit canon, nous permet d'accréditer avec un peu plus d'arguments l'idée que Géraud était lui aussi gradué en droit, peut-être également « en l'un et l'autre ».

On peut considérer que Hélie de Maulmont senior a acquis ses grades dans la décennie 1260-1270 ce qui pose la question du « centre universitaire » fréquenté. En effet, on sait qu'il existait des écoles à Limoges, gérées par les ordres mendiants ou par des particuliers liés au chapitre cathédral 55, mais en aucune façon — et même si des docteurs avaient professé dans la Cité 56 — les baccalau­réats, licences et doctorats n'auraient pu être conférés dans la capitale limousine. Les Limousins — très éloignés des centres universi­taires reconnus par des privilèges pontificaux — devaient s'expatrier. Les universités les plus proches étaient, au mine siècle, Toulouse et Montpellier d'une part, Paris et Orléans d'autre part. Mais André Gouron considère que celle de Toulouse — quoique fondée officielle­ment en 1229 — n'a dispensé régulièrement des enseignements dans l'un et l'autre droit qu'à partir de 1275-1280. Quant à Montpellier, il remarque que le premier professeur de droit civil n'y est attesté qu'en 1267, le premier doctorat conféré qu'en 1293 57. Ces indications fragilisent l'hypothèse d'une scolarité de Hélie de Maulmont senior dans ces deux éminents studia méridionaux. Serait-il allé acquérir sa formation et ses grades de civiliste à Orléans, officiellement reconnu comme université par le pape Innocent IV, avant de compléter son cursus en droit canon par un séjour à Paris ? A moins qu'il ne soit allé directement à Bologne ou dans un autre centre d'outre-monts ? De fait, on n'en sait rien et cette question reste à éclaircir. Toutefois, même si les enseignements n'ont été véritablement organisés à Orléans qu'au début du xive siècle, d'émi­nents juristes — tels Guido de Cumis, Jacques de Révigny ou Pierre de Belleperche — y ont toutefois professé dès la seconde moitié du mue siècle .

Cette mention faisant de Hélie de Maulmont senior un docteur en l'un et l'autre droit éclaire d'un jour nouveau la question de l'assise du lignage des Maulmont de la vicomté de Limoges. Comment cet Hélie de Maulmont, — apparemment modeste — chevalier 59, a-t-il pu financer la formation de deux, et peut-être trois, de ses fils 60 ? Au-delà de la question des moyens, quelles furent ses motivations ? Sans doute l'influence d'oncles ou de grands-oncles attestés à des postes prestigieux de l'Église limousine, en particulier Guillaume, chanoine puis archidiacre de l'Église de Limoges durant la première moitié du siècle, fut-elle déterminante 61. Mais l'environ­nement lignager — comme la généalogie — des Maulmont de la première moitié du xme siècle restent encore peu connus 62.

Plus généralement, cela pose la question de l'émergence d'un groupe de spécialistes du droit — romain et canonique — en Limousin.

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  1. Cf. P. CONTE, « Nouvelles recherches sur le site médiéval de Châlucet (...) » B.S.A.H.L., CXXVII, 1999, p. 278-281; P. CONTE et Ch. RÉMY, « Recherches (...) », Ibid., CXXVIII, 2000, p. 293-302 ; P. CONTE, B. POUSTHOMIS, Ch. RÉMY, « Recherches (...) » Ibid., CXXIX, 2001, p. 271-294. Voir également les notices parues dans le Bilan Scientifique régional édité par le Service Régional de l'Archéologie (ministère de la Culture) et dans la revue Archéologie médiévale, éditée par le C.N.R.S.
  2. P. CONTE, B. POUSTHOMIS, Ch. RÉMY, « Recherches (...) », art. cit., p. 274-276.
  3. C.I.R.A. Sud-Ouest, commission administrativement rattachée à la préfecture de Bordeaux (D.R.A.C. Aquitaine).
  4. Travaux engagés par le Département de la Haute-Vienne, coordonnés par la Conservation Régionale des Monuments Historiques (D.R.A.C. Limousin) et placés sous l'autorité de Messieurs l'Architecte en Chef des Monuments Histori­ques et l'Architecte des Bâtiments de France.
  5. Il convient d'insister sur le fait que l'étude du mobilier archéologique découvert en fouille n'étant pas achevée, les datations proposées dans cet article restent très prudentes et pourront être précisées ultérieurement.
  6. Ces opérations, menées par le Bureau Hadès, ont été réalisées sous la responsabilité de Sylvie Campech, archéologue (bureau d'étude HADES, BP 438, 31314 Labège Cedex). Le rapport d'étude (Document Final de Synthèse) concer­nant cette opération est en cours d'achèvement, S. CAMPECH, Le château haut de Châlucet. La zone nord (chapelle, barbacane, lices), D.F.S., S.R.A. Limousin, prévu pour fin 2002. Pour les fig. 6, 8, 9, 11 ci-dessous : clichés S. Campech, Hadès, 2001.
  7. La construction de ce bâtiment à contreforts reste difficile à situer chronologiquement pour le moment, mais l'étude du mobilier permettra d'en préciser la datation, cf. note 5.
  8. Sur sa découverte et les premiers éléments d'analyse, cf. note 2.
  9.  Modules des matériaux de la couverture : Dalles de schiste : 50 cm x 26 cm x 2,5 cm, 28 cm x 21 cm x 1,5 cm, 18 cm x 19 cm x 2,5 cm ; Tuiles plates : ép. 2 à 2,5 cm, largeur 16,5 à 17,5, longueur 25 cm; Tuiles-canal : largeur 2 à 2,5 cm.
  10. Un denier de Jean III et Jeanne de Savoie (1317-1341 et 1329-1334), un denier tournois, peut-être de Philippe VI (1328-1350) et 1 denier tournois indéterminé probablement féodal (identification : D. Dussot, Service Régional de l'Archéologie (D.R.A.C. Limousin)
  11. Pour ce qui est de l'étude du mobilier archéologique, cf. ci-dessus, note 5.
  12. En 1147, 1264, 1273, 1330, 1438, 1610, L. GUIBERT, Châlucet, Limoges, 1887, p. 22, 30, 35-36.
  13. Ch. RÉMY, « Châlucet et les châteaux de maître Géraud de Maulmont », Bulletin monumental, t. 159-II, 2001, p. 140.
  14. Cette présentation de la barbacane reprend les descriptions et les hypothèses formulées par S. CONAN, B. POUSTHOMIS, Ch. RÉMY et P. STErnANT, Le château haut de Châlucet : synthèse, vol. 1, D.F.S., S.R.A. Limousin, 2000, p. 61 et 62. 
  15. Cet aménagement, tout à fait curieux et totalement inconnu jusqu'alors, n'a fait l'objet que d'un nettoyage superficiel. Il mériterait pourtant d'être fouillé et étudié plus en détail.
  16. L. GUIBERT, Châlucet..., op. cit., p. 112-116.
  17. Les travaux de 2001 ont donné lieu à la réalisation d'un important rapport d'opération, en deux volumes, P. CONTE, avec la coll. de J. DENIS et de P. WUSCHER, Châlucet (Saint-Jean-Ligoure, Haute-Vienne). Le bas castrum de Châlucet, rapport de fouille programmée 1999-2001, année 2001, S.R.A. du Limousin, Limoges, 2001, vol. 1, et P. CONTE (dir.), Châlucet. Le bas castrum de Châlucet, rapport de fouille programmée 1999-2001, année 2001, vol. 2 (études complémentaires par P. CONTE, J. DENIS, M. DRIEUX, D. DUSSOT, GARGAM, F. PETIT, Ch. RÉMY, Ch. VALLET).
  18. Voir P. CONTE, Châlucet... rapport de fouille... 2001, op. cit., vol. 1, p. 8-11.
  19. L'extension de la fouille jusqu'à la muraille nord de l'agglomération est prévue dans le cadre des prochaines campagnes de fouilles.
  20. Cas, par exemple, à l'ouest du bâtiment 4, du secteur 19 délimité par deux murs (Mr. 41 et 42) qui définirait un édifice adossé au mur intérieur du rempart.
  21. P. CONTE, B. POUSTHOMIS, Ch. RÉMY, « Recherches... », art. cit. [note 1], p. 277-278.
  22. L'achèvement de la fouille de ce secteur et la réalisation d'analyses physico-chimiques de ce sol devraient livrer des éléments nouveaux de discussion sur cette question lors de la prochaine campagne.
  23. P. CONTE, « Nouvelles recherches... >, art. cit. [note 1], p. 282-283.
  24. Réalisée par l'entreprise Blanchon, Limoges.
  25. Travaux réalisés par l'A.F.I.L.
  26. Cf. Ch. RÉMY, « Le bas castrum de Châlucet : état des sources et de leurs enseignements », dans P. CONTE (dir.), Châlucet... rapport de fouille... 2001, op. cit., vol. 2 (études complémentaires), 25 p.
  27. Chronique de Geoffroi, prieur de Vigeois, vers 1180-1184, cité par F. ARBELLOT, Le château de Châlucet, Limoges, 1851. Cf. en dernier lieu, Ch. RÉMY, « Châlucet et les châteaux... », art. cit., p. 119.
  28. Cf. P. CONTE, « Étude du mobilier », dans P. CONTE (dir.), Châlucet... rapport de fouille... 2001, op. cit., vol. 2 (études complémentaires).
  29. Son étude détaillée est en cours.
  30. Aucun patronyme correspondant n'est attesté — pour l'instant — dans les sources écrites, parmi les habitants du castrum de Châlucet, cf. Ch. RÉMY, « Le bas castrum de Châlucet : état des sources... », art. cit. [n. 26].
  31. London Museum medieval catalogue 1940, Museum of London, Londres, 1993, p. 294-298; J. FALCO, « Sceau-matrice de l'église de Villaries (Haute-Garonne) », Archéologie et vie quotidienne aux xme-xive siècles en Midi-Pyrénées, catalogue de l'exposition de 1990 au musée des Augustins, Toulouse, 1990, p. 115 ; M. LHERMET, « Durban-Corbières (Aude), découverte du sceau de Véziade de Durban (fin xme-début mye) •, Archéologie du Midi Médiéval, t. 15-16, 1997-1998, p. 315-316. B. FouRNIoux, « A propos d'une matrice de sceau découverte sur la motte castrale de Reilhac (Saint-Cernin-de-Reilhac) », Documents d'archéologie et d'histoire périgourdines, t. 9, 1994, p. 149-154.
  32. Cf. dans Ph. de BOSREDON et E. RUPIN, Sigillographie du Bas-Limousin, Brive, 1886, les sceaux d'Ebles de Ventadour, seigneur de Donzenac (1318), n° 610 ; de Gui de Chanac, chevalier (xive s.), n° 156; de Guichard de Comborn, seigneur de Treignac (1345-1352), n° 178; de Guillaume Roger, comte de Beaufort (1350), n° 533 ; de Rainaud de Roffignac, seigneur de Saint-Germain (1403), n° 523. On peut d'ailleurs remarquer que le sceau de Rainaud Malbernard, en 1285, portait un écu « à une bande accompagnée de six coquilles, posées 3 et 3 », Ibid., n° 388.
  33. F. JuLY, « L'architecture du château de Châlucet (I) », B.S.A.H.L., t. CVIII, 1981, p. 117 à 125.
  34. L'étude architecturale de l'édifice devant être menée fin 2002, lors des travaux d'aménagement prévus pour rendre la tour accessible au public, nous en présenterons les grandes lignes dans les prochains comptes rendus des recherches.
  35. Probable recherche des légendaires souterrains reliant cette tour au château-haut, voire à la cathédrale de Limoges (sic).
  36. Ce type céramique est, en revanche, fréquemment attesté au Moyen Âge en Quercy, Périgord, Gascogne, régions de Toulouse et de Bordeaux.
  37. Voir dessin dans P. CONTE, « Châlucet (Saint-Jean-Ligoure) : le Bas Châlucet — Fouille programmée pluriannuelle ., Bilan Scientifique régional 2001, S.R.A., Limoges 2002 (à paraître).
  38. Sur le personnage de Géraud de Maulmont, voir en dernier lieu Ch. RÉMY, Les rois de France en Limousin et Périgord de Philippe Auguste aux derniers Capétiens, thèse de doctorat inédite (B. BARRIERE dir.), Université de Limoges, 2000, vol. II, p. 128-143. Concernant le rôle qu'il a joué à Châlucet, cf. ci-dessus, note 1; voir aussi Ch. RÉMY, « Châlucet et les châteaux..., art. cit. [note 13], p. 113-141.
  39. En tant que procureur du vicomte de Limoges Gui VI, à la cour du roi de France, à Paris, lors d'un procès contre les bourgeois de Limoges, Cartulaire du Consulat du Château de Limoges (C. CHABANEAU éd.), Montpellier, 1895, n° 73 ; dans un règlement avec le vicomte de Rochechouart, cf. A. GRÉZILLIER, « Lettre du vicomte de Rochechouart en faveur de Géraud de Maumont ­1262 •, B.S.A.H.L., XCIV, 1967, p. 137-147.
  40. « Le titre de maître n'est jamais employé au hasard », B. GUENÉE, Tribunaux et gens de justice dans le bailliage de Senlis à la fin du Moyen Âge (vers 1380-vers 1550), Paris, 1963, p. 187-188.
  41. J. R. STRAYER, Les gens de justice du Languedoc sous Philippe le Bel, Toulouse, 1970, cahier de l'association Marc Bloch, études d'histoire méridionale n° 5, p. 27-28. J. VERGER, Culture, enseignement et société en Occident aux xne et xme siècles, Rennes, 1999, p. 184, n. 4 et p. 185, est moins catégorique mais considère néanmoins que les magistri avaient bénéficié d'une formation en droit.
  42. Original, parchemin larg. 215 mm x haut. 300 mm (dont repli de 20), rongé à droite, jadis scellé sur double queue, A.D.D., Fonds Conan de Connezac, 2 E 1826 / 67. Le revers de la charte porte « 1276. Vente entre particulliers Chalus ». Le repli porte Jac(.), peut-être la signature du scribe.
  43. La genèse et l'organisation ancienne de Châlus — avec le haut castrum appelé Chabrol, son habitat subordonné, le château bas, appelé Maulmont, et la « ville » basse — restent assez mal cernées dans le détail. Il semble que le bien ici vendu soit une maison de la « ville » basse, organisée autour de la place du marché ; l'édifice donnait manifestement sur une rue, ce que suggère la localisation d'un jardin à l'arrière de la maison. On relèvera particulièrement l'expression « maison de pierre », qui semble révéler la fréquence de maisons en pans de bois.
  44. P. DUCOURTIEUX, Histoire de Limoges, Limoges, 1925 (rééd. 1994), p. 159-161 ; B. BARRIERE, dans Histoire de Limoges (L. PÉROUAS dir.), Toulouse, 1989, p. 97-98.
  45. D'après la chronique de P. Coral, Recueil des Historiens des Gaules et de la France, XXI-1855, p. 786, il aurait été fait doyen en février 1276. Il mourut à Paris, en mars 1294 (n. st.) et fut inhumé au couvent des Franciscains, d'après B. Gui, copie dans B.n.F., Collection Périgord, vol. 12, fol. 57 vo. Sa dépouille aurait ensuite été rapatriée — en 1295 — au couvent des Dominicaines de Saint-Pardoux-la-Rivière, d'après R. DROUAULT, « Recherches sur le cou­vent ... », Bull. de la Soc. hist. et archéol. du Périgord, XXVI, 1899, p. 295.
  46. Lettres de Simon de Melun, sénéchal de Périgord, et de Hélie de Maulmont, doyen de Saint-Yrieix, datées de 1281, à Sarlat, BREQUIGNY, Diplômes, VII-1863, p. 184.
  47. Par acte du 20 avril 1284, Gui Flamenc, chevalier, seigneur en partie de Bré, vend à révérend Hélie de Maulmont, doyen de Saint-Yrieix, pour lui et ses héritiers, moyennant 5000 sous limousins, tout ce qui lui appartient dans les terres et dans la seigneurie de Bré, dans les paroisses de Lubersac, de Saint-Pardoux, de Saint-Martin-Sepert et de Montgibaud, avec haute et basse justice, B.n.F., Collection Périgord, vol. 137, dossier « Flamenc o, fol. 45-46.
  48. Bulle de Nicolas IV, datée du 11 septembre 1288, B.n.F., Collection Périgord, vol. 27, fol. 261, copie.
  49. Bulle du même, évoquant « magistros Geraudum et Helyam de Malomonte, capella l» nostros o, B.n.F., Collection Périgord, vol. 33, fol. 212, copie.
  50. 11 fut assiégé dans le castrum vicomtal d'Aixe, avec ses deux frères Géraud et Adémar, par les habitants de cette ville en mars 1266, d'après la Chronique de Pierre Coral, Recueil des historiens des Gaules et de la France, XXI-1855, p. 771; il scella, avec son frère Géraud, l'acte d'hommage prêté par la vicomtesse Marie à l'évêque d'Angoulême, acte non daté, A. MASSOUGNES, « Notes sur quelques fiefs », p. 216-217 (d'après une copie de 1661) ; en 1279, dans l'aula de l'abbaye Saint-Martial à Limoges, il reçut l'hommage du vicomte de Limoges pour les fiefs tenus du chapitre de Saint-Yrieix, J.-P. THuiLLAT, Un conflit de trois siècles entre le chapitre de Saint-Yrieix et les vicomtes de Limoges (1247-1505), mémoire de maîtrise inédit (B. BARRIERE dir.), Université de Limoges, 1992, p. 258 (d'après Bosvieux) ; en 1291, il était en procès contre son frère Géraud et le vicomte de Limoges au sujet de la cession — sans son accord — des châteaux de Courbefy et de Châlus, Actes du Parlement de Paris, E. BOUTARIC (éd.), Paris, 1863, n° 2745 ; en mars 1292, il scellait le testament de Bertrand Autier, chantre de l'église de Saint-Yrieix, A.D.H.V., 12 G 3, orig. parch. (sceau perdu).
  51. Cl. ANDRAULT-SCHMITT, Limousin gothique. Les édifices religieux, Paris, 1997, p. 363.
  52. Sur le neveu, cf. Ch. RÉMY, Les rois de France..., op. cit., vol. II, p. 145-146.
  53. B. GUENÉE, Tribunaux et gens de justice..., op. cit., p. 189-195.
  54. Pour P. GLORIEUX, La faculté des arts et ses maîtres au xme siècle, Paris, 1971, p. 54, on est magister in artibus à 21 ans au plus tôt, aux xme et début du xive siècle ; pour B. GUENÉE, Tribunaux et gens de justice..., op. cit., p. 189, on pouvait y accéder dès 18 ou 19 ans, au XV' siècle. J. VERGER, Culture, enseignement et société..., op. cit., p. 166, rappelle que l'accès à la maîtrise était fixé, par les statuts de la faculté des arts de Paris, à l'âge de 20 ans révolus.
  55. On connaît le cas, bien postérieur, de Martial Marcel, qui donnait des leçons de grammaire et de logique dans sa demeure de la place Saint-Gérald à Limoges, vers 1331, A. LECLER, « Les archidiacres du diocèse de Limoges », B.S.A.H.L., XLVII, 1899, p. 148. Pour les Franciscains, A. DOUAIS, Essai sur l'organisation des études dans l'Ordre des Frères Prêcheurs aux mue et Jale siècles, 1884 ; C. DOUAIS, Les frères prêcheurs de Limoges, Toulouse, 1891; F. DELORME, « Les Cordeliers dans le Limousin aux xme-xve siècles », Archivum Franciscanum Historicum, t. 32, 1939, p. 201-259.
  56. Je n'en connais pas.
  57. A. GOURON, « Enseignement du droit, légistes et canonistes dans le Midi de la France à la fin du xine et au début du xive siècle », Recueil de mémoires et travaux publiés par la Société d'histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, fasc. V, 1966, p. 17-18. 
  58. Renseignement aimablement communiqué par Pierre Flandin-Bléty, pro­fesseur à la Faculté de Droit de Limoges. Voir en particulier les travaux de R. FEENSTRA, « Influence de l'enseignement du droit romain [à Orléans] sur les nations étrangères », Actes du congrès sur l'ancienne Université d'Orléans (xme-xvitte siècles) — Orléans, 1961, Orléans, 1962, p. 45-61; « L'enseignement du droit à Orléans. Etat des recherches menées depuis Meijers », Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, nouvelle série, IX, n° 68, 1985, p. 13-29 ; • L'école de droit d'Orléans au xme siècle : un état de la question », El dret coma i Catalunya. Actes del Pr Simposi Internacional (Barcelona, 1990), Barcelone, 1991, p. 285-307.
  59. Cf. la généalogie proposée dans le B.S.A.H.L., CXXIX, 2001, p. 291.
  60. Hélie senior, son frère aîné Géraud — très vraisemblablement — et peut-être le cadet, Bernard, placé à la tête de l'abbaye de Brantôme vers 1283.
  61. On ignore les liens de parenté exacts entre Hélie de Maulmont, chevalier, et Hugues, abbé de Solignac de 1195 à 1240, avec Guillaume, archidiacre de Limoges, mort en 1247, neveu du précédent, avec Géraud, prieur de Bénévent en 1229, cf. J.-L. LEMAITRE, « Documents nécrologiques de l'abbaye Saint-Pierre de Solignac », Recueil des historiens de la France. Obituaires, 1984, p. 442-443 et 472-474. On sait que l'archidiacre Guillaume fut un personnage tout à fait éminent, fréquemment témoin ou arbitre dans des transactions importantes de son temps. Il était aussi — d'après Bernard Gui — l'oncle de Géraud de Frachet, B.n.F., ms. lat. 17118, fol. 449, copie de Gaignières.
  62. Rappelons que la généalogie proposée par J. NADAUD, Nobiliaire, t. IV, 1880, p. 366, est totalement fautive pour les XIe-XIVe siècles.
  63. Cf. P. FLANDIN-BLETY, « Le rôle des juristes dans la politique des consulats du Quercy au Moyen Âge », Revue de la société internationale d'histoire de la profession d'avocat, n° 6, 1994, p. 8, n. 14.
  64. Cette question a été largement abordée — pour le Quercy, le Périgord méridional et le bassin de Brive — par P. FLANDIN-BLETY, dans « Le rôle des juristes..., art. cit. », p. 5-39 et surtout dans Essai sur le rôle politique du tiers-état dans les pays de Quercy et de Rouergue (xine-xve siècles). Consulats et relations consulaires, thèse de droit inédite, Paris, 1979. Pierre Flandin-Bléty a bien voulu relire et amender ce texte ; qu'il en soit vivement remercié.
  65. A moins que cela ne traduise l'obtention récente de ce double doctorat ?