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EXTENSIONS SOUTERRAINES DE LA MAISON CASTRALE :

LE SITE DE CHÂLUCET EN LIMOUSIN, XIIIE-XVE SIECLE

(SAINT-JEAN-LIGOURE, HAUTE-VIENNE)

Patrice CONTE

Tiré de

VIVRE SOUS TERRE

Sites rupestres et habitat troglodytiques dans l'Europe du sud

sous la direction de Monique Bourin, Marie-Elise Gardel et Florence Guillot

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Collection Archéologie et Culture - Presses Universitaires de Rennes

INTRODUCTION

L'aspect que peuvent prendre les différentes formes d'utilisations souterraines associées à l'ha­bitat médiéval, qu'il soit urbain ou rural, s'avère extrêmement varié en Limousin et Périgord. Si la nature géologique permet l'élaboration aisée d'en­sembles plus ou moins développés ou l'aménagement de cavités naturelles en terrains sédimentaires 1, elle s'oppose sur le reste de ces régions à l'appropria­tion de milieux souterrains naturels, et impose de fait la création totalement artificielle de structures souterraines.

Depuis une bonne décennie, l'enquête en cours sur la morphologie et l'évolution du castrum d'une part 2, et sur celles de la maison médiévale urbaine ou rurale d'autre part 3, a permis de mettre en évidence plusieurs cas de figure où habitat de surface et cavi­tés sont intimement liés.

Dans ce cadre, le site du castrum de Châlucet a livré un ensemble exceptionnel de quatre structures souterraines associées à des maisons médiévales. C'est à la faveur d'une fouille programmée que de telles découvertes ont été effectuées, cadre propice à une approche détaillée, même si les quatre cavités n'ont pas été intégralement fouillées 4. Précisons également que, bien que situées actuellement en milieu rural,

les cavités de Châlucet se distinguent nettement de par leur architecture, leur structure, et l'origine sociale supposée de leurs possesseurs, aux nombreux petits réseaux souterrains des campagnes limou­sines ou périgourdines que les recherches actuelles ont tendance à associer à l'habitat rural paysan 5. C'est d'ailleurs justement le caractère quelque peu hors-norme des vestiges étudiés à Châlucet qui leur confère un intérêt supplémentaire, et permet de discuter de leur place et de leur représentativité au regard des autres types de vestiges souterrains connus régionalement pour la période médiévale, en parti­culier ceux présents en milieu urbain.

LE SITE MÉDIÉVAL DE CHÂLUCET, UN CASTRUM BIPOLAIRE

Situé à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Limoges, Châlucet est un vaste ensemble castrai établi le long d'un éperon de confluence (L : env. 500 m; 1 : env. 100 m; fig. 1). Si cette position est naturellement favorable à la défense par la présence des rivières Briance et Ligoure, elle l'est somme toute moins pour l'habitat dont l'expansion sera largement conditionnée par une topographie très contrainte. Sur cette crête et ses flancs, deux ensembles castraux vont émerger puis se développer du xiie siècle jusqu'au XVIIe siècle, mais avec des évolutions bien différentes que les recherches actuelles, historiques ou archéologiques, s'attachent à mettre en évidence.

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L'histoire du site de Châlucet reste, faute d'archives suffisamment nombreuses, encore large­ment mal documentée et ce malgré son impor­tance dans le contexte historique régional. Les recherches anciennes 6, récemment renouvelées 7, permettent toutefois de restituer les grandes lignes d'une évolution complexe : création du premier tiers du me siècle, Châlucet semble être le résultat d'une volonté conjointe de l'évêque de Limoges et de deux chevaliers de la petite aristocratie locale sur le territoire d'une possession de la proche abbaye de Solignac, dont il restera dans la mouvance pendant tout le Moyen Âge. Comme souvent en Limousin et Périgord, la structure sociale et seigneuriale du castrum de Châlucet sera celle de la co-seigneurie 8.

Au moins dès la première moitié du xme siècle — mais il n'est pas impossible que cette partition soit plus ancienne — il est possible de distinguer dans la documentation deux entités castrales distinctes : le castrum du « haut Châlucet » et celui du « bas Châlucet » (fig. 1 et fig. 2). Cette réalité est également perceptible sur le terrain où l'on peut assez facilement discerner les deux ensembles établis en sommet de crête, séparés par un fossé sec. Les limites précises de chaque castrum restant très largement conjonctu­relles, d'une part faute de pouvoir réaliser une fouille intégrale de ce site immense, d'autre part parce qu'à la fin du mie siècle se surimpose sur la partie supé­rieure — en la modifiant d'ailleurs très largement —la construction atypique pour la région d'un vaste palais fortifié édifié par un proche conseiller du roi de France Philippe le Hardi : Géraud de Maulmont. Cet important personnage de l'histoire régionale de la seconde moitié du xiiie siècle récupère et réunifie les droits seigneuriaux de l'ancienne assiette castrale du Haut-Châlucet qui lui permettront d'édifier la vaste résidence fortifiée encore visible de nos jours.

Cette période marquera également l'évolution du castrum inférieur : initialement organisée autour d'une tour maîtresse à contreforts (dite « tour Jeannette ») et d'un édifice de culte (chapelle Saint-Thomas), l'agglomération va probablement s'agran­dir pour accueillir une partie de la population du Haut-Châlucet. La fouille en cours menée sur la partie inférieure du site montre d'ailleurs que l'enfer­mement au sein d'une enceinte maçonnée ne sera vraiment effectif qu'au xive siècle. À la fin du siècle, l'ensemble du site connaîtra l'occupation de troupes de routiers à la solde du roi d'Angleterre pendant une durée de plus de dix ans. Outre un impact certain sur les environs du site, mais aussi sur la vie de l'ensemble de la région, voire au-delà, cette occupation mili­taire aura probablement pour conséquence directe l'abandon plus ou moins partiel du site, en particu­lier pour le bourg inférieur, qui semble déserté au début du XVve siècle.

LE CONTEXTE DES DÉCOUVERTES : L'AGGLOMÉRATION CASTRALE DU BAS-CHÂLUCET

Les découvertes de cavités effectuées au coeur du village castrat de Châlucet s'inscrivent dans une fouille programmée dont l'un des objectifs est, pour la première fois en contexte régional, de cerner les réalités matérielles d'un castrum limousin, d'en saisir l'évolution à travers l'étude de ses principaux éléments constitutifs : fortifications, édifices majeurs, éléments de voirie, mais aussi et peut-être d'abord les maisons des familles des milites castri mentionnés par les sources écrites. Au-delà de l'apport spécifique à chaque catégorie de vestiges, c'est d'abord l'analyse de la morphologie de l'habitat et des processus d'évo­lution qu'a pu connaître l'occupation et l'étude des cadres de vie qui sont les buts majeurs des recherches engagées jusqu'à aujourd'hui sur cette partie du site.

Bien qu'ayant seulement concerné environ 1/6e de l'emprise supposée de l'agglomération 9, le programme de recherche a permis d'étudier de manière parfois intégrale un premier ensemble topo­graphique cohérent d'une dizaine de maisons médié­vales et de leurs annexes.

La zone privilégiée par la fouille correspond à ce jour à l'extrémité nord-ouest du site, délimitée au nord et à l'ouest par une enceinte maçonnée, à l'est par le système de voirie médiévale principale qui traverse l'ensemble du site de part en part et, au sud, par une tour à contrefort séparée de la partie nord de l'agglomération par un fossé sec. Cette tour, ignorée des textes, constitue sans doute la tour maîtresse du Bas-Châlucet, même si structurellement le siège de la seigneurie sur l'ensemble du site semble devoir être localisé dans le haut castrum 10. Au-delà de cette tour, vers le sud, les mouvements de terrain révèlent l'existence de nombreux autres bâtiments et vestiges, probablement comparables à ceux fouillés au nord (fig. 2).

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Parmi les nombreuses constructions, initialement fossilisées et mises au jour par la fouille, trois premiers ensembles bâtis ont été identifiés, intégrant un ou deux systèmes de structures souterraines. Trois autres bâtiments, disposés de part et d'autre de la via publica, n'ont fait l'objet que de reconnaissances partielles, et il est donc impossible de confirmer ou d'infirmer la présence d'éventuelles cavités associées 11. Les autres maisons étudiées se situent, pour les plus anciennes, au sommet de la crête rocheuse qui arme l'éperon sur lequel est établi le castrum (fig. 3). Deux grandes catégories de maisons sont représentées : certaines présentent une morphologie verticale, celle de la caté­gorie des maisons-tours. [étude permet ici de distin­guer l'une d'elles comme étant plus ancienne : équipée de contreforts et d'un double accès en rez-de-chaussée et à l'étage, elle diffère de la seconde, plus tardive, qui possède plusieurs baies à coussièges sur la seule éléva­tion conservée et s'avère par ailleurs édifiée contre le pignon d'un édifice plus ancien.

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Pour le reste, les maisons sont des bâtiments rectangulaires au sol, comportant au moins un étage, voire probablement deux dans un cas. Les élévations ne sont conservées qu'au niveau du rez-de-chaussée qui s'avère presque systématiquement utilisé pour des fonctions domestiques (cuisines, remises, écuries ou étables, annexes...). [archéologie permet égale­ment de constater une évolution de l'habitat qui procède par une densification des constructions : les espaces « libres » (cours) deviennent des espaces bâtis occupés par de nouveaux bâtiments. Il s'ensuit parfois une modification de l'organisation des circu­lations et, dans un cas, on voit apparaître un escalier en pierre de distribution interne incluant un palier équipé d'un Les éléments de datation recueillis jusqu'ici — essentiellement issus des mobiliers archéologiques —semblent circonscrire la période d'occupation de cette partie du entre le mie et le début du xve siècle. À la différence des informations livrées par les sources écrites, aucun témoin matériel ne suggère une phase d'urbanisation antérieure au mie siècle. L'examen des vestiges, et plus spécifiquement ici celui des aména­gements excavés, couvre donc essentiellement deux siècles : le mile et le XIVe siècle.

ENVIRONNEMENT TOPOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE : LES CHOIX D'ÉLABORATION DES CAVITÉS ET TECHNIQUES DE CREUSEMENT

 Le substrat rocheux du site de Châlucet est composé d'une roche métamorphique (gneiss) permettant le creusement de cavités, même si ce matériau présente des degrés d'altération divers et donc de résistance qui ont naturellement condi­tionné les travaux d'excavation.

La présence de filons rocheux plus durs a certai­nement constitué, localement, un véritable obstacle au creusement, ce qui explique en grande partie la forme des structures, du moins le tracé de leurs contours, les concepteurs devant adapter leur projet à la compacité difficilement prévisible du substrat. C'est en grande partie pour cette raison que l'on peut observer des morphologies assez irrégulières, comme par exemple le plan anguleux de certains renfoncements ; c'est le cas au sud et au nord de la cave 4 (fig. 4) ou le long de la paroi nord de la cave 1 (fig. 5). La connaissance empirique des caractéris­tiques géologiques qu'avaient les constructeurs leur a cependant permis de créer des volumes souter­rains importants, sans commune mesure avec ceux des petites cavités rurales connues en Limousin : la station debout est ainsi possible dans les cavités de Châlucet alors qu'elle demeure exceptionnelle dans le contexte d'autres souterrains ruraux.

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S'appuyant sur des diaclases du rocher métamor­phique, les ouvriers ont dans plusieurs cas (caves 1 et 4, par exemple ; fig. 6) utilisé ces limites natu­relles (miroirs de diaclases) pour créer les parois des salles souterraines, permettant du même coup d'obtenir à peu de frais des limites latérales franches à des endroits potentiellement très solides. Il suffit d'ailleurs pour s'en convaincre de rappeler ici que les quatre monuments souterrains nous sont parvenus conservés dans leur intégralité, sans effondrements importants 12; les seules zones fragilisées s'avérant être les parties maçonnées des trémies d'accès.

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Ainsi, si la roche-mère a constitué une contrainte évidente conditionnant la forme et les techniques de creusement, elle n'a pas été suffisamment décisive pour remettre en question les projets d'excavation ; aucun repentir ou tentative avortée n'a ainsi pu être mis en évidence lors de la fouille. L'observation atten­tive des traces de creusement permet également de noter que les concepteurs ont régulièrement tenté de mesurer l'efficacité de leurs techniques d'excava­tion. Sur la paroi nord de la cave 1 et sur des blocs rocheux émergeants du sol nivelé, on a ainsi pu noter la présence d'impacts ponctuels, isolés ou en petit groupe, interprétés comme des tests de résistance des parois obtenues (fig. 6). Il en est peut-être de même des tentatives de forage obliques relevées en bas de paroi et au contact du sol du renfoncement nord de la même salle souterraine, au niveau d'une diaclase horizontale 13.

Les traces précédentes ne doivent d'ailleurs en aucun cas être confondues avec d'autres, plus régu­lières et nombreuses correspondant aux impacts de finition 14, donnés avec un outil à pointe effilée que l'on peut régulièrement observer sur les voûtes et parois, juste après l'accès à l'espace souterrain, au-delà des parties maçonnées des accès (fig. 7 et 8). Le fait que ce traitement de surface ait été réservé à de telles zones n'est sans doute certainement pas fortuit.

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Le contexte topographique a-t-il pu participer au choix dans l'élaboration des cavités ? Il est ici évident que l'échantillon disponible pour discuter précisé­ment du rôle éventuel du relief sur le creusement est trop faible. À l'échelle du site, implanté, rappelons-le, au sommet d'une étroite crête rocheuse d'un éperon de confluence, les pentes naturellement fortes du terrain, se prêtent d'autant plus aisément à un creusement de plain-pied, en « front de falaise ». Il est alors facile d'exagérer l'aspect abrupt des parois rocheuses lors de l'aménagement global de l'habitat, lors de la fondation des bâtiments de surface, de la construction des voiries ou des éléments de murailles formant l'enceinte. C'est probablement ce type de contexte qui a participé au creusement de la cave n° 4, élaborée frontalement dans la paroi rocheuse sous le mur pignon est du bâtiment V (fig. 9).

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Toutefois, les trois autres cas étudiés ne montrent absolument pas une telle recherche pour l'élabora­tion de l'excavation. En effet, les caves 1 et 3 parti­cipent d'un creusement véritablement souterrain, établi depuis une surface grossièrement plane.

Quant à la cave 2, conçue sur un mode de construction un peu différent associant le « creusé » et le bâti, elle est aménagée, non pas perpendicu­lairement à l'axe de la pente naturelle du substrat, mais parallèlement (fig. 3). Il est clair ici que c'est la volonté de créer une cave à cet endroit précis qui en a conditionné le mode de construction : située en bordure d'affleurement du substrat, elle ne pouvait qu'intégrer une forte proportion de maçonnerie, toute sa partie avant (cellule nord) étant édifiée par excavation à ciel ouvert et non pas souterrainement, contrairement à sa cellule sud ou aux trois autres caves (fig. 10 et 24).

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Dans ce cas précis, si la contrainte topographique et géologique a joué, c'est bien en conditionnant l'ar­chitecture de la cavité mais certainement pas le choix de son implantation ; au contraire même, le mode de conception particulier de cette cavité démontre à lui seul la capacité des concepteurs à s'affranchir des contraintes « naturelles » à partir du moment où le choix d'aménagement d'une structure souterraine a été arrêté. Un tel schéma permet ainsi d'expliquer pourquoi la cave 2 se différencie par son architec­ture de ses voisines — toutes trois conçues suivant des principes de réalisation extrêmement proches —et démontre à l'évidence un savoir-faire assuré des créateurs de ces espaces souterrains.

Il paraît donc évident ici que le contexte topo­graphique ne joue qu'un rôle très marginal dans la conception des cavités. Même si, à la marge, l'une d'entre-elles (cave 4) respecte un profil topo­graphique — d'ailleurs fortement remanié par l'homme —, l'emplacement des structures souter­raines paraît largement plus conditionné par les relations de dépendance établies avec les habitats de surface dont relève directement leur création.

STRUCTURE ET ARCHITECTURE DES CAVITÉS DE CHÂLUCET, MODES DE CONSTRUCTION

MORPHOLOLOGIE GÉNÉRALE

La structure des espaces excavés est assez simple, organisée autour d'une ou deux salles souterraines reliées à la surface par un accès unique équipé d'un escalier droit (fig. 11). Les caves 1, 3 et 4 ne comportent qu'une seule salle plus ou moins vaste, seule la cave 2 intègre deux cellules séparées par un arc maçonné. Chacun des espaces souterrains est relié à la surface par une zone d'accès comprenant un escalier et un sas maçonné qui isole systématique­ment l'entité souterraine de la surface, en intégrant au moins un système de fermeture par une porte à double vantail de bois. Dans le détail, les salles des caves 1, 3 et 4 ne sont qu'indirectement reliées au sas maçonné : en effet, il existe entre la salle et la trémie une courte partie de galerie creusée dans le rocher, prolongeant l'accès et s'ouvrant sur la salle (fig. 12).

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Les ouvrages possèdent des dimensions que l'on peut considérer comme importantes (voir annexe) : la cave 1 est de loin la plus vaste avec une partie souterraine de près de 9 m de long (volume estimé env. 50 m3). Les autres structures sont de taille plus modeste, la plus petite restant la cave 415. Toutefois, la cave 2, si l'on cumule les volumes des deux cellules, possède une taille totale proche de celle de la cave 1.

Les hauteurs sous voûte sont également non négligeables : les maximales varient entre 2,30 m (cave 4) et près de 2,60 m pour la cave 1, et 3,10 m pour la cellule nord de la cave 2. Dans tous les cas, un homme peut aisément se tenir debout à l'intérieur, une fois franchi l'accès, systématiquement surbaissé par rapport à la hauteur sous voûte intérieure.

La profondeur atteinte par le creusement est également importante, les sols intérieurs se présen­tant entre -3,60 et -3,80 m par rapport aux sols exté­rieurs. Les voûtes 16 se situent au minimum à plus de 2 m de profondeur (fig. 12).

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ARCHITECTURE ET CONSTRUCTION : LA PLACE DES MAÇONNERIES

Bien que l'infrastructure des caves de Châlucet repose d'abord sur les principes d'une architecture « soustractive » par excavation de volumes souterrains dans la masse rocheuse, elle intègre également systé­matiquement des parties maçonnées. Si l'on exclut pour l'instant le cas particulier de la cave 2, les trois autres ensembles présentent un dispositif architectural comparable au niveau de leur accès : un sas peu déve­loppé 17, dont la fonction est d'assurer la liaison entre la partie souterraine et la surface, mais aussi de servir de structure de maintien aux systèmes de fermeture.

Ces sortes de « sas » ont également pu remplir un rôle de protection des architectures creusées : en effet, il est fréquent de constater que, naturellement, les zones de rocher les plus altérées et donc les plus fragiles sont celles en contact physique avec l'exté­rieur 18. Intercaler un autre type de construction permet ainsi de créer une isolation entre les parties rocheuses et l'atmosphère externe, et par conséquent de réduire les risques de dégradation du rocher dans les zones de passage vers le fond des cavités.

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La configuration des excavations a généré deux types de constructions : dans le cas de la cave 4, dont l'ouverture s'effectue en front de taille, le massif d'accès est bâti « hors-oeuvre », accolé à la paroi, sans d'ailleurs qu'aucune retaille verticale du rocher ait été recherchée, ce qui a eu pour conséquence de fonder la base de la maçonnerie sur une surface plane extrê­mement faible reposant essentiellement sur un plan incliné (fig. 13, 14 et 15).

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Dans le cas des caves 1 et 3, forées depuis la surface, les massifs d'entrée ont été entièrement encastrés dans le rocher, seules les feuillures des piédroits des portes dépassant latéralement (fig. 16 et 17).

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La maçonnerie mise en oeuvre utilise des moel­lons tout-venant de gneiss, probablement issus pour partie du creusement même des cavités. Les arrière-voussures sont confectionnées avec des lames du même matériau montées sur coffrage cintré ; seuls les encadrements de porte sont intégralement réalisés en granite taillé, les piédroits intégrant systématique­ment un chanfrein et une feuillure destinée à rece­voir les vantaux des portes (fig. 18 et 20).

Le liant utilisé reste majoritairement un mortier de terre, à l'instar des constructions de surface; toute­fois, les analyses de mortier 19 montrent que la chaux a également été utilisée, principalement pour des joints et pour certains mortiers de surface 20 des construc­tions souterraines, ce qui est loin d'être le cas pour les maçonneries aériennes et traduit le choix déli­béré des constructeurs d'introduire une part notable de chaux au contact ou dans les espaces souterrains.

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Chaque cave comporte une porte au niveau des sas maçonnés d'accès. La bonne conservation de certains accès, par exemple celui de la cave 1 (fig. 19), permet de restituer le type de fermeture, d'ailleurs identique pour tous les ensembles étudiés : il s'agit de portes voûtées en arc surbaissé, à double vantail de bois s'ouvrant vers l'intérieur de la cavité. Les gonds de fer des éléments de rotation (deux par vantail) sont parfois conservés en place, scellés au plomb dans une réserve pratiquée dans l'ébrasement des feuillures des piédroits (fig. 18).

Les escaliers d'accès constituent la dernière infras­tructure commune aux quatre caves fouillées. Ce sont, dans tous les cas des escaliers droits rentrants (fig. 17, 20 et fig. 21). Leur longueur est variable, proportionnelle à la profondeur et à la longueur de chaque cavité, les plus longs étant donc ceux des caves 1 et 2. Leur pente est forte (entre 30 et 45°), obligeant les concepteurs à prolonger les escaliers à l'intérieur des salles souterraines, comme pour les caves 1 et 2, entièrement étudiées 21 (fig. 7, 21). La finition apportée aux escaliers taillés dans le rocher diffère entre ceux, réguliers, des caves 1 et 3, et celui de la cave 4 : les quelques degrés creusés sont nette­ment plus irréguliers, à tel point qu'il est délicat de discerner les marches volontairement réservées dans le rocher de simples miroirs de diaclases judicieuse­ment exploités afin de créer le dénivelé recherché. La descente de la cave 2 est quelque peu différente des trois autres : elle n'intègre pas à proprement parler de trémie, puisque la porte d'accès se situe en surface, juste avant l'escalier desservant un long escalier entiè­rement souterrain. Elle diffère également des trois autres caves par son architecture en grande partie maçonnée, équipée d'une voûte à degrés successifs, les marches incluant plusieurs blocs en remploi, indice d'une construction plutôt tardive (fig. 10, 12).

La largeur des descentes de caves est comprise entre 1,20 m (cave 2) et 1,50 m (cave 1). Voisine de celles de certains ensembles en milieu urbain, comme à Limoges, Saint-Léonard-de-Noblat ou Solignac en Haute-Vienne 22, elle reste largement suffisante pour permettre un accès aisé aux salles souterraines. On peut parfaitement envisager le déplacement pour stockage de produits encombrants, comme des tonneaux ou tout autre type de grands contenants (jarres ou autres vases céramiques...).

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AMÉNAGEMENTS INTÉRIEURS

Malgré leur taille, les caves de Châlucet ne comportent que peu d'aménagements intérieurs. Seule la présence de niches est régulièrement attestée (sauf dans le cas de la cave 4). Ces structures, creu­sées dans le rocher (caves 1 et 3) ou réservées dans les parties maçonnées de la cave 2 sont situées dans les parois, généralement près de l'entrée des salles souter­raines, position qui laisserait entrevoir une fonction d'accueil pour les moyens d'éclairage (bougie, lampes à huile). Les deux éléments présents dans les caves 1 et 3 affectent une forme peu commune : franche­ment triangulaire dans le cas de la cave 1 (fig. 7), au sommet arrondi dans celui de la cave 3 (fig. 12). La cave 2 quant à elle possède deux niches carrées : l'une immédiatement après la porte d'accès en surface, juste derrière le débattement du vantail droit ; l'autre sur le mur nord, au débouché de la première chambre souterraine (fig. 21).

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Ce dernier ensemble est le seul intégrant d'autres aménagements :

  • un conduit vertical d'aération au faîte de la voûte de la cellule nord ;
  • deux alvéoles sur la paroi rocheuse de la cellule sud, comparables à celles régulièrement observées dans les souterrains ruraux, et une sur la paroi sud du passage séparant les deux cellules.

On notera également que la voûte maçonnée et l'arc séparant les deux cellules de cette cave ont conservé les boulins des cintres du coffrage de construction 23 (fig. 8).

LA FOSSE-SILO 793

Aménagée dans le sol de la chambre nord de la cave 2, cette structure reste unique en contexte souterrain à Châlucet 24 (fig. 10, fig. 22 et 23). Il s'agit d'une fosse au contour presque conique de très petite dimension 25, d'une contenance très infé­rieure à celles mesurées sur d'autres sites médiévaux en Limousin ou Périgord 26. Si la fonction d'un tel réceptacle est bien celle d'un silo destiné à la conser­vation de denrées agricoles (ce que laisse envisager sa morphologie 27), on peut s'interroger sur sa desti­nation. Sa faible contenance permet d'évoquer plusieurs hypothèses : petite réserve familiale desti­née aux habitants de la maison-tour IV ou stock de céréales dévolu à l'ensemencement de terres agricoles proches 28 de l'agglomération ? En revanche, le faible volume du silo ne permet guère d'envisager ici un stockage à finalité spéculative 29.

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La présence d'une fosse de conservation à l'inté­rieur même d'une cave reste un cas rare, même s'il n'est pas exceptionnel 30. Plusieurs raisons peuvent être avancées pour un tel choix préféré à celui d'un creusement depuis la surface : la dissimulation peut bien sûre être évoquée, mais, plus prosaïquement il est possible d'avancer d'autres raisons, par exemple le manque de place dans un contexte bâti dense ou tout simplement la recherche d'une meilleure protection pour un mode de stockage nécessitant une bonne isolation des facteurs hygrométriques ou tout simple­ment des rongeurs. Excaver un silo à l'intérieur d'une cavité revient ici à augmenter la protection portée au stock ensilé, à l'intérieur d'un espace par ailleurs bien isolé de l'extérieur, à la fois par sa configura­tion souterraine et par l'efficace système de ferme­ture qui l'équipait.

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LES DONNÉES STRATIGRAPHIQUES, INDICES D'UTILISATION DES CAVITÉS

Obturés par les importants remblais d'écroule­ment des édifices sus-jacents, les accès ont protégé l'intérieur même des salles souterraines. Le remplis­sage interne sous les couches d'effondrement excède donc rarement plus de 0,20 m d'épaisseur et corres­pond à un sol construit créé par l'apport d'un sédi­ment sableux compacté. Issues probablement de l'excavation des volumes souterrains, ces couches de sable assuraient à la fois le nivellement des reliefs du sol rocheux et un sol compact, sain et drainant.

La surface de ces couches correspond donc au niveau de circulation fréquenté par les utilisateurs des caves. Le mobilier archéologique est quantitative­ment loin d'être négligeable dans les deux structures ayant fait l'objet d'une fouille complète (caves 1 et 2) ou d'un relevé des vestiges au sol (cave 4). Toutefois, il reste délicat, faute d'une fossilisation après aban­don, de distinguer aisément les fragments matériels issus de la phase d'utilisation de ceux provenant de l'abandon lui-même, puisqu'il paraît avéré que l'on a utilisé ces espaces comme dépotoirs à la fin de l'occupation du site 31. Lessentie132 est consti­tué de fragments céramiques appartenant soit à des vases culinaires (oules) ayant pu également avoir une fonction de stockage de part leur morphologie globu­laire assez proche d'ailleurs des silos, soit de vases à liquides, et dans un cas, issu des comblements de la cave 2, des fragments d'une anse large et épaisse pouvant appartenir à un vase d'assez grande dimen­sion (jarre ou mortier ?). Quelques objets métalliques ont pu être repérés, en particulier dans la cave 1, au pied de l'escalier, où certains étaient encore fixés à des fragments de bois très dégradés. Ces éléments pour­raient correspondre aux restes de pentures clouées aux vantaux de bois des portes de la cave.

Deux séries d'observations complètent ici les données de fouille :

  • une aire rubéfiée de petite taille a pu être iden­tifiée au sol, en bas de la paroi sud de la cellule méridionale de la cave 2 (fig. 10). S'il reste déli­cat d'évaluer la durée et l'intensité d'utilisation de cette structure de combustion 33, on peut toutefois constater qu'elle a été suffisante pour marquer le substrat et laisser un dépôt de suie sur la paroi. Une fonction de foyer peut donc être avancée, même s'il peut s'agir ici d'une structure d'utilisation très temporaire, peut-être simplement employée pour assécher l'atmosphère de cette partie de la cavité ;
  • la seconde remarque concerne le sol d'occupa­tion de la cave 4 : la fossilisation ancienne du dernier état d'utilisation avant obturation par les effondrements de surface a permis de cartogra­phier plusieurs amas de pierres (fig. 4). Si l'un d'entre eux (1009) correspond à l'extrémité du cône d'éboulis ayant provoqué la condamna­tion de la cellule souterraine depuis la surface, les quatre autres accumulations repérées ne relèvent en aucune façon d'une action involontaire, et correspondent tout au contraire à une volonté délibérée des utilisateurs. Le cas de l'amas 1012, aménagé dans un renfoncement au sud de la salle est assez évident, puisque la disposition des blocs évoque clairement l'aménagement d'un siège ou d'une étagère basse. Les autres groupes, d'impor­tances inégales, sont d'interprétations plus déli­cates. L'amoncellement 1010, au bas et le long de la paroi nord de la cave, semble également correspondre au projet de construction d'un radier destiné à supporter un élément mobilier (tonneau ?) et à l'isoler du sol. En revanche, le tas de pierres le plus important, stocké dans le renfoncement de la cavité le plus éloigné de l'accès (1013) n'est guère interprétable en l'état : il pour­rait correspondre à un tas en attente pour une construction interne projetée mais jamais réalisée.

RELATIONS AVEC L'HABITAT DE SURFACE : LA PLACE DES STRUCTURES SOUTÉRRAINES DANS LE PROCESSUS D'URBANISATION DU CASTRUM

La question des liens fonctionnels et chrono­logiques qu'entretiennent cavités et bâtiments de surface reste délicate à aborder du fait des données stratigraphiques disponibles. L'absence de recoupe­ments entre les différentes catégories de vestiges est cependant un premier fait qui démontre à lui seul la contemporanéité globale existant entre bâtiments maçonnés et caves ; les caractères voisins que présente la structure de leur creusement vont également dans ce sens. Les sols d'occupation souterrains, par le matériel qu'ils livrent, n'indiquent pas autre chose.

Toutefois, on peut se demander si les espaces souterrains ont été conçus dès l'origine, c'est-à-dire dès la construction même des logis qui les dominent. En effet, et même s'il est clair que chaque entité souterraine est liée à un bâtiment ou à un groupe de bâtiments, il importe de distinguer les positions relatives des accès et celles des cavités elles-mêmes qu'il convient d'intégrer aux différents états chrono­logiques mis en évidence par la fouille.

L'analyse des vestiges basée sur la définition d'ensembles fonctionnels permet de distinguer trois groupes de bâtiments auxquels sont associés des caves.

DÉFINITION DES ENSEMBLES ARCHITECTURAUX FONCTIONNELS

Le premier ensemble, au sud (A), correspond aux bâtiments I, V et X (et cave 4) ; le second, au centre (B), est formé des bâtiments II, III et XII (caves 1 et 3) ; enfin, l'ensemble le plus septentrional (C) 35 est constitué du bâtiment IV et des bâtiments VI, VII, et probablement VIII, ainsi que de la cave 2 (fig. 3).

Chacun de ces ensembles a évolué au cours du temps. Pour l'ensemble A, le bâtiment initial est le bâtiment V, auquel seront associés dans un second temps les bâtiments I et X. Dans le cas de l'ensemble central (B), la construction initiale est la maison III, de plan également rectangulaire, mais orientée nord-sud. Le bâtiment II apparaît lors d'une seconde phase, ainsi que le bâtiment XII, qui regroupe sous un même toit plusieurs unités à l'origine dissociées.

L'ensemble le plus au nord (C) est organisé autour d'une « maison-tour » (bâtiment IV). Contrairement aux deux autres ensembles fonctionnels, les deux bâti­ments périphériques (VI et VII) ne sont pas édifiés lors d'une seconde phase : ils paraissent construits soit en même temps, soit juste après le bâtiment IV, mais disparaîtront et seront démantelés au cours de l'occupation, probablement lors de l'édification du front nord de l'enceinte castrale, qui enserre l'agglo­mération dans ce secteur 36.

Chaque ensemble dispose d'un accès à une ruelle raccordée à la voie principale qui traverse de part en part le site du nord au sud (fig. 3). De façon presque analogue, les trois ensembles fonctionnels possèdent au moins une cave, voire deux dans le cas de l'en­semble central (B).

LES STRUCTURES SOUTERRAINES ET LES ENSEMBLES FONCTIONNELS

Dans le cas de l'ensemble A, la cave 4 se déve­loppe sous le bâtiment initial V, mais son entrée s'ouvre dans la pièce la plus septentrionale du bâti­ment X, construit lors d'une seconde étape. On ne peut donc ici affirmer un creusement de la cave dès la phase initiale. On constate en revanche que le seul aménagement important de la pièce 35 est l'en­trée de la cave 4. Cette dernière est donc bien asso­ciée à l'ensemble A, mais sans pouvoir en préciser la chronologie relative. On notera simplement, pour l'instant, que l'élaboration d'un édifice souterrain doit être nettement plus difficile et contraignante à l'intérieur d'une maison déjà construite que dans un espace non bâti. Cette remarque nous paraît militer pour l'hypothèse d'un creusement de la cave 4 anté­rieur à la construction du bâtiment X qui l'abrite.

L'ensemble central B possède deux cavités dont les architectures et l'orientation sont extrêmement proches et ne se distinguent que par leurs tailles respectives. Elles s'insèrent dans une évolution parti­culière puisque, initialement, les deux bâtiments II et XII n'existent pas. Le bâtiment premier est le bâti­ment III, édifié en « fonds de cour» et donnant large­ment à l'est sur une cour ouverte sur la ruelle. Dans un second temps, un mur orthogonal de direction est-ouest sera édifié et partagera cet espace ouvert en deux parcelles qui seront rapidement bâties. La cave 1 donne initialement directement dans la rue; dans un second temps, après la construction du pignon oriental du bâtiment II, on condamnera l'accès direct à la voirie en obturant la porte réser­vée dans le mur, en profitant de cette occasion pour aménager une baie : ce probable soupirail éclairera la descente à la cave qui s'effectuera désormais depuis l'intérieur du bâtiment II (fig. 17). La cave voisine (cave 3) est édifiée de l'autre côté du mur mitoyen séparant les constructions II et XII (Mr. 2, fig. 3). Son entrée, parallèle à celle de la cave 1, est aménagée entre un premier édifice bâti (S. 20) et le mur sépa-ratif, en prenant soin de laisser possible la circulation vers le bâtiment III, désormais à « l'arrière » des deux bâtiments sur rue II et XII. Le fait que l'ensemble B possède deux caves et non une seule tend à démon­trer que leur création coïncide avec l'apparition des deux nouveaux bâtiments II et XII, même si l'on ne peut totalement rejeter la possibilité que l'une des deux (cave 1 ?) soit antérieure à la seconde (cave 3), et ait été associée dans un premier temps au bâtiment initial III. Quoi qu'il en soit, l'organisation globale de cet ensemble traduit une relation forte, peut-être familiale, entre les occupants des bâtiments II, XII et III, puisque, lors de la phase de construction des deux édifices II et XII, l'accès du bâtiment III vers la rue est maintenu à travers les deux constructions nouvelles. La présence de deux celliers souterrains, au cours du )(ive siècle démontre l'importance de leur rôle au sein de cet ensemble architectural.

La cave 2 (fig. 24) associée à l'ensemble C, édifiée à l'extérieur de l'angle de la maison-tour à contre­forts IV, est unique, à la fois par son architecture — qui laisse une place plus grande à la construction maçonnée par rapport aux parties creusées —, mais aussi par sa configuration : deux cellules souterraines orientées avec un accès vers le nord, c'est-à-dire ici à l'opposé de la ruelle voisine (vers le sud) et par sa situation hors de toute construction, sinon la trémie qui recouvre directement son escalier d'accès.

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La fouille témoigne d'une évolution particulière pour cet ensemble fonctionnel (fig. 25 et 26). La maison IV apparaît comme l'édifice majeur et central de cette partie du site, et l'on peut constater que la plupart des maçonneries sont orientées différemment de celles des deux autres ensembles 37. La construction du mur d'enceinte clôturant le au nord (Mr. 64) va largement modifier l'organisation de cet ensemble : les bâtiments VI et VII qui entourent à faible distance le bâtiment IV et ferment la cour au nord et à l'ouest vont être abandonnés et probable­ment arasés. La présence du mur d'enceinte va égale­ment modifier les accès antérieurs au bâtiment IV, et l'on va démanteler le mur de clôture qui délimi­tait initialement la cour à l'est (Mr. 107, fig. 25) afin de créer une nouvelle zone d'accès ouverte vers la ruelle au sud-est.

C'est vraisemblablement lors de cette phase de réaménagement que l'on va implanter la cave 2 : la fouille à l'aplomb de la voûte de la partie bâtie de la cave (cellule nord) montre que sa construction s'est effectuée en détruisant en partie les restes de fonda­tion de l'ancien mur (Mr. 107, fig. 22). L'édification d'un nouveau mur de clôture (Mr. 40, fig. 25), désaxé par rapport aux directions privilégiées des construc­tions du premier état, permet désormais à la fois de raccorder la voirie par le sud et de ménager un espace de circulation suffisant le long de la construction protégeant la descente de l'escalier de la cave 2. La disparition des bâtiments annexes VI et VII et l'appa­rition d'une cave dans le dispositif fonctionnel arti­culé autour de la maison IV pourrait ne pas être une simple coïncidence : la création du local souterrain répond peut-être au transfert de certaines fonctions préalablement remplies par les bâtiments faiblement excavés VI et VII (fig. 24).

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LES CAVITÉS DU BAS-CASTRUM : CRÉATION D'UN NIVEAU SUPPLÉMENTAIRE A LA DOMUS MÉDIÉVALE

L'analyse des éléments archéologiques montre que les caves découvertes s'insèrent à la fois dans l'organisation propre à chaque ensemble archi­tectural et fonctionnel de l'habitat castrai et, plus globalement, à une phase de transformation de l'urbanisme de l'agglomération. Elles apparaissent ainsi comme des éléments à part entière de la domus de Châlucet en constituant un étage supplémentaire à la maison, étage souterrain dévolu au stockage et conçu suivant des principes dénotant un soin tout particulier apporté à de tels édifices.

Ces cavités participent également du processus d'urbanisation du site qui voit, au cours du mie siècle, se densifier l'espace bâti : les zones de cour, ouvertes sur la voie publique ou les ruelles adjacentes sont désormais annexées par de nouvelles constructions englobant des espaces souterrains annexes. Même s'il reste malaisé de situer précisément le moment de l'apparition des caves au cours de cette évolu­tion, il semble pourtant qu'elles appartiennent à cette phase se traduisant à la fois par un entassement et un enchevêtrement des constructions en surface et une extension vers le sous-sol à la recherche de nouveaux espaces domestiques.

Ce phénomène reste encore aujourd'hui peu attesté en contexte archéologique, et le cas de Châlucet fait figure d'exception par la possibilité d'étudier un ensemble cohérent de vestiges apparte­nant à un site d'origine castrale, même s'il ne s'agit ici que d'une petite partie d'un site beaucoup plus vaste.

Régionalement, les recherches récentes commencent toutefois à révéler la présence de cavités artificielles au coeur ou à proximité immédiate de sites castraux, dans des contextes qui paraissent voisins de celui du bas-castrum de Châlucet.

Non loin de ce dernier, le castrum d'Aixe-sur-Vienne a récemment livré un nouvel exemple de cette catégorie de vestiges souterrains 39, malheu­reusement dans le cas d'une fouille d'urgence qui n'a pas permis d'étudier l'environnement de surface de la cavité (fig. 27). C'est dans une configuration voisine que trois cavités ont été découvertes dans le contexte du castrum de Rochechouart40 (fig. 28) : même s'il demeure encore impossible d'associer stric­tement de telles découvertes aux mentions présentes dans les sources d'archives, les mentions textuelles, témoignent, à plusieurs reprises, de l'existence en 1292 et 1334 de maisons avec souterrains. Ces dates coïncident avec la période de développement des extensions souterraines à Châlucet.

Encore plus près de ce dernier site, et pour une période comparable, le castrum de Pierre-Buffière, qui lui est d'ailleurs historiquement lié 42, livre également une mention, en 1296, d'une maison dotée d'un souterrain43. C'est encore le cas au castrum abba­tial de Solignac où, en 1331 apparaît une nouvelle mention de ce qui pourrait être une cave souter­raine 44 associée à une domus.

Si l'existence de locaux souterrains annexés à la maison médiévale semble bien être confirmée en Limousin par des sources écrites, ils n'apparaissent malgré tout encore que sous la forme de simples et très vagues mentions. L'archéologie livre des exemples de plus en plus nombreux en contexte urbain mais les datations restent encore délicates, et la complexité des réseaux résiste à l'analyse et à la perception précise des évolutions architecturales et fonctionnelles, par exemple à Limoges, où les fouilles de ce type d'aménagement restent rares.

L'exemple de Châlucet permet en revanche de pouvoir étudier un ensemble cohérent de vestiges que l'abandon précoce du site a protégé des multiples transformations connues par les autres espaces souterrains en milieu urbain pérenne. Il montre que, loin d'être anecdotique, la pratique du creusement de cavités participe entièrement à l'organisation de la demeure et au processus d'urbanisation au cours du Moyen Âge.

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annexe

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 NOTES

  1. Pour le Périgord : voir par exemple : AUJOULAT 1990; pour la partie sédimentaire du Limousin : voir CONTE, LIBOUTE 2006.
  2. REMY 2007b.
  3. CONTE, LABORIE 2009.
  4. Fouilles programmées de 1999 à 2005, auxquelles on ajoutera plusieurs opérations ponctuelles depuis cette dernière date. Les recherches sont portées par une équipe mixte associant le Service régional de l'archéologie du Limousin (DRAC), l'association ArchéA (Limoges) et le Cescm de l'univ. de Poitiers avec le soutien du Conseil général de la Haute-Vienne, propriétaire du site.
  5. GADY 1989; CONTE 1990, 1992.
  6. GulBERT, 1887.
  7. On trouvera dans les références suivantes le détail des connaissances actuelles : REMY 2006; REMY et al 2006; CONTE (dir.) 2012.
  8. REMY 2006, 2007b.
  9. Soit une surface supérieure à 1 600 m2.
  10. Il convient de rappeler que la partie haute ne relevait pas exactement de la même mouvance féodale que la partie basse du site (CONTE, REMY 2005).
  11. Bâtiments IX, XI et XIII.
  12. On gardera également présent à l'esprit que l'em­prise de ces caves en surface a subi l'effondre­ment de bâtiments de pierre de plusieurs étages au cours de l'abandon du site. Par comparai­son, les cavités rurales contemporaines de celles de Châlucet ne bénéficient que rarement d'une conservation aussi exceptionnelle. Seul le rocher de l'entrée de la cave 3 a connu une fragilisation telle que, faute d'un autre accès, il n'a pas été possible pour d'évidentes raisons de sécurité d'en mener une fouille complète.
  13. Toutefois, dans ce dernier cas, une autre hypo­thèse peut être avancée : en effet, la très grande proximité de la cellule méridionale de la cave 2 est peut-étre à l'origine de ces creusements que l'on pourrait interpréter comme des tentatives d'évaluation de la distance entre les deux cavités. Précisons que des observations similaires ont pu être effectuées dans d'autres cavités médiévales de la région, sans que des explications plus tangibles aient pu être données à ces creusements : par exemple dans le cas de la cavité rurale de Chadalais(c. de Maisonnais-sur-Tardoire, Haute-Vienne; voir : CONTE, DESGRANGES 1985; CONTE 1990, 2005).
  1. Ces impacts, parfois ponctuels, se présentent généralement sous forme de traces allongées de quelques centimètres, orientées suivant le geste de celui qui a réalisé le travail. La répartition et l'orientation de ces traces ne doivent en aucun cas être confondues avec celles du creusement initial et, par conséquent, ne sont en rien indicatrices d'un éventuel « sens de creusement », comme cela a pu être parfois avancé dans le cas des réseaux ruraux, sinon pour l'opération même de finition qu'elles révèlent. Dans le cas de Châlucet le doute est ici impossible puisque les salles souterraines n'ont qu'un seul accès de creusement.
  1. Avec toutefois un volume estimé proche de 26 m3, soit, plus de la moitié de la cave 1 (annexe).
  2. Il s'agit ici des voûtes rocheuses ; dans le cas de la cellule nord de la cave 2, maçonnée, l'épaisseur de la voûte bâtie n'est que de 0,25 m.
  3. Embrasure entre 1,20 et 1,40 m (annexe).
  4. Phénomène régulièrement constaté pour les souterrains ruraux.
  5. Caractérisation physico-chimique des matériaux (PALAZZO-BERTHOLON 2006).
  6. Comme pour la niche de la cave 2. cellule nord.
  7. Ce n'est d'ailleurs probablement pas le cas pour la cave 4. Le dénivelé entre les sols intérieurs et extérieurs restant moins important que pour les autres caves, l'escalier qui l'équipe s'ache­vait probablement à l'entrée même de la cellule souterraine.
  8. Toutefois, les réseaux urbains présentent souvent des escaliers de dimensions plus imposantes.
  9. Trois de chaque côté pour la cellule nord, deux de chaque côté pour le passage entre les deux chambres.
  10. Elle l'est également en surface à l'échelle de toute la zone fouillée du bas-castrum, où aucune autre structure de ce type n'a été mise en évidence. Le constat de la raréfaction de ce mode de stoc­kage en milieu urbain pour les derniers siècles du Moyen Âge - alors qu'il est très fréquent en milieu rural - semble pouvoir être effectué sur d'assez nombreux sites du Sud-Ouest de la France (CONTE, LABORIE 2009).
  11. Son volume utile est estimé à 0,22 m3.
  12. Sur un échantillon de 23 fosses-silos étudiées en 1993 sur ces deux régions, les capacités sont comprises entre 0,5 et 3,6 m3, le plus souvent entre 1 et 2 m3 (env. 50 %; CONTE 1993). Même si la multiplication des découvertes depuis cette date invite certainement à revoir ces nombres, il n'en reste pas moins que la structure de Châlucet est encore aujourd'hui l'un des rares cas de fosse d'aussi petit volume que sa morphologie range dans la catégorie des silos de conservation.
  13. La fouille de cette fosse n'a livré aucun indice permettant de préciser sa fonction initiale, sinon la découverte d'un petit broyon de pierre, géné­ralement associé au matériel de mouture domes­tique des céréales. Précisons toutefois qu'il a été découvert en position secondaire dans le comble­ment de la fosse.
  14. Limportance des terres emblavées en céréales aux environs de Châlttcet est bien attestée par les rentes dues à l'abbaye de Solignac au cours des mu' et xiv' siècles par les familles des milites castri possessionnés sur l'un ou l'autre des sites castraux. S'il est parfois vaguement l'ait mention de » blés e, la consistance des céréales est généra­lement précisée : froment, seigle, orge ou avoine (CONTE, REMY, 2003, p. 102; REMY 2007a, p. 80-84).
  15. Ces hypothèses s'entendent dans le cas où il s'agit bien d'un stock de céréales, interprétation rarement validée directement par l'archéologie (CONTE 1993, 1995).
  1. Voir par exemple le cas d'une cave de maison canoniale à Limoges (SOULARD 1990; CONTE, LABORIE 2009).
  2. L'étude du mobilier provenant des caves n'étant pas achevée, on restera prudent sur les inférences que l'on pourrait en tirer en termes d'utilisation des espaces souterrains.
  3. Des vestiges de faune mal conservés ont égale­ment été découverts, en particulier dans la cave 2. Les analyses devraient préciser ici s'il s'agit de rebuts rejetés en contexte de dépotoir ou de restes d'animaux morts dans les caves après abandon.
  4. La présence de foyers en milieu souterrain laisse perplexe, car on objectera aisément que doit se poser le problème de l'envahissement de la cavité par la fumée, et donc le problème de son évacuation. Dans le cas présent on rappellera que la cellule voisine possède un conduit en voûte destiné à l'aération. Par ailleurs, on a déjà pu attester la présence d'un foyer dans la cavité rurale médiévale de Chadalais (c. de Maisonnais-sur‑Tardoire, Haute-Vienne; CONTE, DESGRANGES 1985).
  1. Voir également : supra, § 3.
  2. Les bâtiments IX, XI et XIII, répartis de part et d'autre de la via publiai n'ont pas livré de cavi­tés associées. Toutefois, ces édifices n'ayant pas fait l'objet d'une fouille complète, il demeure possible qu'ils possèdent également des exten­sions souterraines inconnues à cette date.
  3. La dernière mise au point sur l'évolution de ce secteur est présentée dans : CONTE 2008, p. 13 et 14.
  4. On avance ici l'hypothèse que le bâtiment IV et la cour qui l'entoure sont probablement les constructions les plus précoces de la partie fouil­lée du castrum.
  5. CONTE, REMY 2008, p. 15.
  6. DENIS 2000; RÉMY 2008.
  7. CONTE Deux cavités ont été découvertes juste à l'extérieur au niveau des fossés (fig. 28); la troisième est un ensemble plus vaste sous la cour du château actuel (fig. 29).
  8. CONTE, LABORIE 2009, p. 278, note 61. "Quamdam domum cum subterraneo" .
  9. CHAUME 2003; RÉMY, CHAUME 2006.
  10. AD Haute-Vienne, D 1043. « Domo et subt(er) raneo sive sotorio da Esrot de Petrabuffer (Chaume 2003).
  11. , 6H70 (information inédite communiquée par Ch. Rémy) : " quandam domum suam cum quodam voucs de subtus domum ".
  12. On trouvera d'autres mentions de caves asso­ciées au contexte urbain en Limousin et Périgord dans : CONTE, LABORIE, 2009; GARRIGOU-GRANDCHAMP, VERGNE-LABROUSSE et 2007 (maisons de Donzcnac en Corrèze).
  13. C'est le cas, par exemple des maisons du bourg castra de Curemonte en Corrèze dont l'étude est aujourd'hui amorcée (PALOUMBAS 2009).
  14. BALBO, CONTE 1993; BALBO, GRANY 2006; CONTE, LABORIE 2009.

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Bibliographie Sélective

Ouvrages publiés

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Ouvrages non publiés

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LIBOUTET M. 2002, Les Formes du troglodytisme en Provence : description et interprétation, Mémoire de DEA sous la direction de M. Fixot, Laboratoire d'Archéologie Médiévale Méditerranéenne, Université Aix-Marseille 1, 3 vol.

REMY C., CHAUME R. 2006, ‹, Le castrum de Pierre-Buffière (c. de Pierre-Buffière, Haute-Vienne) ”, REMY C. (dir.), Morphologies et mutations du castrum, l'exemple Limousin, Xe-X1V es., Projet collectif de recherche, Rapport 2005, Limoges, Service régional de l'archéologie Limousin, vol. de textes, p. 58-88.