Les archives de la Défense Passive Urbaine

Eric BALBO

EPSON255 

Tiré du  Bulletin de liaison de Renaissance du Vieux Limoges

n° 53, mars 2004

Michel TOULET, dans le Bulletin de liaison n°52, nous sensibilisait sur les archives de la Défense Passive qui pouvaient nous renseigner sur les " dessous de notre ville ". Si celles-ci sont exploitables du point de vue descriptif du bâti tant de surface que souterrain, et ce à des fins de statistiques, force est de constater qu'elles le sont moins dans le détail dans la plupart des cas.

L'inventaire des caves pouvant servir d'abri à la population en cas de bombardement a été réalisé quelque peu à la hâte. Les fiches descriptives sont donc sommaires, la finalité de ce travail devant dégager la possibilité ou non d'accueillir un certain nombre de personnes en sus des habitants de l'immeuble.

Les éléments déterminants afin de retenir un site étaient, entre autres, que la cave fut voûtée en pierre (ou "tuf'), possédant une bonne aération, avec deux accès si possible (en aménageant, éventuellement, les puits ). Le " nec plus ultra " étant d'avoir un éclairage électrique et une arrivée d'eau.

Ne se trouvent donc dans ces documents que les éléments permettant d'apprécier la survie des personnes et la faisabilité d'aménagement de ces sous-sols.

Lors des prospections que nous avons pu réaliser, nous nous sommes aperçus que les croquis annotés sur ces fiches, bien que strictement métrées, sont souvent topographiquement incorrect. En effet, nous constatons que les axes de développement des structures souterraines sont moins rigoureux. Ceci s'explique par l'urgence de l'inventaire et par le fait que seul les volumes étaient importants afin d'évaluer le nombre potentiel de personnes pouvant être protégées dans ces cavités.

Les réseaux ci-après permettent d'illustrer ce constat :

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21, rue du Consulat   24, rue Elie Berthet

02 
 12, rue Elie Berthet

 Par ailleurs certains de ces documents peuvent être beaucoup plus précis. Tel le relevé du second sous-sol du ç rue du Temple :

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Défense passive. Archives municipales de Limoges

Relevé cabinet Pimpaud, septembre 1983

Dans ce cas, même si l'on relève quelques différences d'orientation, elles sont minimes et tous les décrochements sont notés précisément. Le départ de galerie n'est pas relevé car non intéressant pour la DPU du fait de son comblement.

Enfin pour terminer voyons plus en détail le

Souterrain dit de l'Evécaud

C'est un des réseaux les plus importants et le mieux documenté. Les documents de la Défense Passive sont d'autant plus précieux que celui-ci est en partie inaccessible à l'heure actuelle et sera, peut-être, touché par la restructuration du musée municipal de l'Evêché.

Nous constatons sur ces plans que les trois petites salles au bas de l'escalier, qui relie le premier au second sous-sol, sont légérement décalées par rapport à l'axe central de la galerie.

Le plan de la Défense Passive Urbaine nous renseigne sur les dispositions envisagées afin de pouvoir accueillir trois de ses services dont la description en est faite à cette occasion.

« A l'entrée du palais de l'Evêché (propriété de la Ville) et à gauche de la dite entrée se trouve un bâtiment d'un étage mansardé où est installé le conservatoire de musique. Dans cet immeuble se trouvent des caves taillées dans le tuf à différentes profondeurs, variant de 8 à 10 mètres. La superficie est de 185 m2 dans laquelle 3 des services de la D.P., pourront être installés (détection, désinfection, travailleurs et chef de secteur). Le personnel de ces 3 services s'élève à 110 personnes environ.

Prenant accès dans le vestibule un escalier en bois aboutit dans une 1 ère cave servant au concierge du conservatoire. De cette cave un escalier en pierres aboutit dans les caves devant servir d'abri. Certaines parties de la cave sont maçonnées, mais devront être réfectionnées. La descente de cet escalier étant trop rapide, un escalier en bois sera placé sur celui-ci pour adoucir la pente. A la partie supérieure de l'escalier un sas est prévu pour éviter l'entrée massive des gaz asphyxiants.

Un 2ème escalier aboutissant dans un local de l'Evécaud servira de sortie de secours. Il sera fermé, dans le bas par une porte étanche.

2 puits d'aération, prenant jour, un dans les jardins de l'Evêché, l'autre dans la cour de l'Evécaud permettront d'installer les prises d'air nécessaires à l'installation de la ventilation, et à la mise en service de l'appareil de surpression. L'étude de la ventilation a été faite pour obtenir une surpression d'au moins 

5m/m. Pour ce faire, le sol de l'abri en conformité de la circulaire n°1500/S.T a été constitué par un dallage en ciment.

L'étaiement des voûtes de la cave a été prévu au moyen de rondins en bois de 0,15 de diamètre et moises de 0,22/0,08. Un remplissage en sacs de terre permettra de calfeutrer les vides. Cet étaiement a été prévu en fonction de la circulaire 671 DP 3.

Le montant de la dépense se décompose comme suit :

I — Aménagement de l'abri

151.835 F

Il — Installation de la ventilation

85.000 F

Imprévus et honoraires

16.165 F

253.000 F

Limoges, le 8 mars 1940

04

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Source : Ville de Limoges. Relevé cabinet Nicolas Brisset. 2003.

En pointillé a été porté sur ce plan celui de la DPU. Ceci étant donné l'impossibilité de faire des relevés tant le comblement de cette cavité est important.

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Détail d'un étai pour le souterrain de l'Evécaud établi par la DPU.

A titre de comparaison voici un étai réalisé en 1994

au 12 rue Elie Berthet afin de prévenir un mouvement du

sous-sol engendré par l'effondrement d'une cavité voisine.

Au terme de cette courte présentation, nous nous apercevons que ce patrimoine est fragile. Déjà un nombre conséquent de ces structures souterraines ont été détruites au fil de l'urbanisation contemporaine.

Certes les archives de la Défense Passive nous apportent des renseignements précieux sur ce qui n'existe plus, même si ceux-ci sont à manipuler avec précaution, et après une lecture critique des différentes sources à notre disposition.

De très nombreuses structures souterraines subsistent encore de nos jours. Il est impératif de continuer à cartographier ces réseaux et d'en relever les architectures structurelles ou pariétales contribuant ainsi à la connaissance de notre patrimoine... avant qu'il ne soit trop tard.


Depuis quelques années, suite notamment au rapport du signataire intitulé : « Patrimoine souterrain de Limoges — Histoire, risques, législation et jurisprudence — vers l'élaboration d'un service spécifique », 1995, 122 p., une ligne budgétaire a été mise en place afin que les services de la ville puissent entreprendre les levées de ces structures. Le service de l'Urbanisme de la Ville de Limoges oeuvre depuis lors à centraliser, avec compétence, toutes ces informations afin de les intégrer au système d'informatisation géographique. L'association ArchéA transmet ses relevés afin d'augmenter ou de compléter cette base de données primordiale tant du point de vue de la sécurité que de celui du patrimoine.