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Saint-Jean-Ligoure - Castrum du Bas-Châlucet

1999

Moyen Age

Patrice CONTE

Le premier programme tri-annuel de fouilles sur le castrum du Bas-Châlucet (1999-2001) répond à une double problématique. A l’échelle du site double de Châlucet, il s’agit de mettre en évidence les caractéristiques historiques, archéologiques et monumentales majeures ducastrum du Bas-Châlucet par rapport au second ensemble castrai (celui du château-haut, le « castrum superius » de Châlucet voir ci-après les notices concernant les opérations en cours sur ce site).

1999-Chalucet

A une échelle plus large, les travaux engagés sur le château et l’agglomération castrale du Bas-Châlucet participent aux recherches sur l’origine et l’évolution des châteaux et des bourgs castraux en Limousin. A ce titre, l’étude s’inscrit également dans la perspective des travaux menés depuis plusieurs années autour du thème de la maison castrale » dans le sud de la France (programmes de recherche nationaux 20 et 24).

La première campagne de fouille programmée sur le site a porté sur trois secteurs ducastrum sur le flanc nord-ouest de l’enceinte (A sur plan), sur la seule maison possédant encore une élévation sur le tracé du rempart à l’ouest (B sur plan), enfin, sur un premier ensemble de bâtiments situés au centre de l’agglomération (en C sur plan).

L’enceinte occidentale

La fouille contre l’enceinte occidentale du castrum a permis de compléter les données de 1998 (BSR 1998, p. 48-49), en particulier sur la partie inférieure de la construction. Dans la partie reconnue sur une surface d’environ 30mla base du mur a pu être identifiée elle repose sur quelques assises légèrement débordantes et irrégulières. Contrairement à ce que suggéraient initialement la présence d’une forte pente vers la Ligoure et celle de nombreux blocs de pierres, le dépôt en pied de mur est peu important et le substrat est atteint à faible profondeur (entre 0,20 et 0,30 m). En fait, la pente du terrain à cet endroit est le résultat de l’aménagement délibéré d’une escarpe rocheuse destinée à renforcer la défense dans cette zone. En contrebas, un espace plan d’environ 3 m de large détermine une terrasse qui a certainement également servi de chemin le long de l’enceinte occidentale. Les quelques tessons recueillis en surface témoignent d’une utilisation de cette zone de circulation jusqu’à l’époque Moderne.

La « maison-tour» (bâtiment 1)

La seconde zone étudiée correspond à une partie de l’espace interne du seul bâtiment portant encore une élévation significative dans le secteur du village. Cette élévation, étudiée en 1998 par B. Pousthomis (BSR 1998, p. 49-50) dans le cadre des interventions préalables aux travaux de stabilisation et de mise en sécurité des ruines, comporte quatre niveaux sur une hauteur totale de 12 m. Elle forme le mur occidental d’une bâtisse à plan rectangulaire (mais proche du carré 5,10 sur 6,80 m), soit une superficie interne d’environ 35 m2. Ce haut mur possède trois retraites qui déterminent quatre niveaux d’étages. Chaque étage possède une baie vers l’ouest, cote Ligoure, mais seules celles du 1er et 2e étages sont équipées de coussièges, ce qui permet d’attribuer une fonction résidentielle à ces deux niveaux. La fouille 1999 n’a porté, pour des raisons de sécurité, que sur l’angle interne de ce mur et du mur sud du bâtiment. L’espace dégagé correspond à un rez-de-chaussée, peut-être légèrement enterré comme le laisse supposer le décrochement situé au bas d’une nouvelle ouverture -probablement l’accès à la pièce - découverte dans le mur sud. Une banquette aménagée le long du parement interne du mur ouest équipe cette salle basse. La baie, en situation haute dans le mur, devait comporter une simple fente d’éclairage elle évoque celles, de plus grandes dimensions, que l’on peut observer dans certains rez-de-chaussée du Haut-Châlucet. Le mobilier archéologique recueilli au pied de la banquette comprend fragments céramiques et ossements animaux. La céramique oriente la datation de la dernière occupation de cette salle entre le milieu du Xllle s. et la fin du XIVe s.

  Le village (bâtiment Il et abords)

L’essentiel du chantier 1999 a cependant porté sur le  «coeur» de l’agglomération située au nord de la tour «Jeannette ». A partir des premiers vestiges mis au jour lors du sondage de 1998 l’équipe a mené sur 160 mun décapage destiné à percevoir rapidement l’emprise des bâtiments et leur organisation. La fouille 1999 confirme la présence d’un bâtiment à vocation résidentielle repéré en 1998. C’est une construction à plan quadrangulaire irrégulier d’une superficie interne de 57 m2. Bien que sa fouille ne soit pas totalement achevée, de nombreux aménagements ont déjà pu être étudiés. Ce bâtiment possédait à l’origine un étage (ou comble aménagé ?), sa toiture était formée de tuiles à rebord et tuiles courbes dont on a retrouvé de nombreux exemplaires dans la couche d’effondrement. Le nombre d’ouvertures reste délicat à préciser vu le degré d’arasement des murs. Deux accès ouvraient, l’un vers l’est sur une rue, l’autre vers l’ouest vers un autre bâtiment (bâtiment III). Dans ce dernier cas, on notera que les deux constructions étaient mitoyennes, le bâtiment III situé à l’ouest devant probablement faire corps avec l’enceinte comme dans le cas du bâtiment I. Une baie située dans le mur oriental, près de la porte, dispensait l’éclairage naturel au rez-de-chaussée du bâtiment Il. Sa disposition permettait également l’éclairage de la descente de cave. La fouille de l’espace interne de la construction a livré de nombreux autres aménagements foyer construit ou simples zones de combustion, banquette située le long du mur sud, restes probables d’une cloison en matériaux légers délimitant une partition du volume interne du rez-de-chaussée.

Une vaste cave aux contours irréguliers a été intégralement fouillée. Elle s’étend sous ce bâtiment jusqu’à la construction mitoyenne à l’ouest. Par ses dimensions (33,5 m2) et l’aménagement de son accès escalier à simple volée de 15 marches et entrée maçonnée équipée d’une porte à linteau en arc surbaissé, cette cavité s’apparente plus aux espaces souterrains urbains tels ceux que l’on peut encore observer à Limoges sous la Cité ou le Château qu’aux cavités rurales médiévales. La cave étudiée, par ses dimensions et la qualité de son architecture témoigne de l’importance des espaces de stockage au sein des maisons du castrum de Châlucet et de leur rôle économique. Certains indices, qui restent d’ailleurs à confirmer lors des prochaines campagnes, laissent penser que ce type d’aménagement a pu être fréquent sur le site. Du point de vue du mobilier archéologique, le remplissage de la cave a livré, sous les importants remblais d’occlusion de la galerie d’accès comprenant de nombreux éléments lapidaires de la construction de surface, quelques objets métalliques (éléments d’huisserie) et des éléments de plusieurs poteries à usage domestique (marmites, pichets ou cruches). Ce matériel est comparable à celui découvert sur le sol d’occupation du bâtiment qu’une monnaie (probablement un denier tournois de Charles de Blois, 1341-1361) contribue également à situer dans la deuxième moitié du XlVe s. ou au début du XVe s.

Les abords immédiats du bâtiment Il ont également fait l’objet de reconnaissances partielles. On a ainsi pu mettre en évidence un espace intercalaire entre ce bâtiment et une nouvelle construction qui suggère que tous les édifices ne sont pas forcément mitoyens. Utilisé comme dépotoir, cette sorte d’andronne ou entremi a livré une quantité non négligeable de matériel céramique et de faune (étude en cours par Chr. Vallet) qu’accompagnaient également quelques fragments de verreries. Au nord, enfin, les premiers vestiges d’une nouvelle construction non encore identifiée ont été repérés.

La seconde campagne du programme 1999-2001 s’attachera à étendre l’emprise de la fouille aux bâtiments contigus au bâtiment Il avec l’objectif de poursuivre l’étude de la manière la plus complète précise de ce premier îlot d’habitations en complétant ponctuellement les données sur l’enceinte et les système de circulation à l’intérieur ducastrum.

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Les Cars - Le Château

1999

Moyen Age

Boris HOLLEMAERT et Patrice CONTE

Le château des Cars a fait l’objet cette année d’un sondage d’évaluation portant sur le fossé ouest et les fausses braies (cf plan). Cette opération menée par une équipe de l’association ArchéA fait suite aux opérations antérieures de 1994 et 1996. La fouille de 1999 s’inscrit, comme les précédentes, dans le cadre des travaux d’aménagement du site menés par la municipalité. L’opération a consisté en deux parties une tranchée perpendiculaire au fossé et un décapage du secteur compris entre les fausses braies et le corps de place.

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Le comblement du fossé varie de 1,70 m à plus de 2 m et repose sur le substrat métamorphique assez sain, on note localement des stigmates d’extraction de blocs (probablement utilisés pour la construction des structures avoisinantes). La position des couches, contenues d’un côté par une maison de la fin du XVIIIe siècle et de l’autre par un mur masquant les fausses braies, ne permet pas d’envisager le comblement du fossé avant l’extrême fin du XVIIIe siècle.

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Toutefois, l’étude préliminaire du matériel archéologique semble montrer qu’il appartient à une période allant du XVIe au XVIIIe siècle et correspond probablement au «déplacement »de dépotoirs intérieurs du château. On notera que le mobilier est relativement abondant (plus de 2 000 fragments et objets) mais très fragmenté. Il est malgré tout varié (faune, verre, fer et céramique) et présente souvent des caractéristiques inédites pour le site, mais aussi à l’échelle régionale fragments de pièces majoliques à décor " a istoriato", faïences à décor d’imitation céladon, figurine ornementale à décor érotique, fragments de verres graves...

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Le secteur des fausses braies ouest a livré des structures extrêmement arasées à la suite de la Révolution, puis au fil des récupérations jusqu’à une période récente où les travaux de dégagement menés dans les années 1980 ont largement perturbé une stratigraphie déjà peu contrastée. L’ensemble du décapage reste toutefois positif puisqu’il a permis d’étudier des structures liées à la construction de l’enceinte du XVIe siècle (fosses à chaux) ainsi que le tracé de l’enceinte la plus récente et une partie de l’enceinte la plus ancienne parallèle à la première mais décalée vers l’intérieur du corps de place. Deux retours à angle droit vers le corps de place ont été également localisés, ils témoignent probablement de l’existence d’un logis au sud et d’autre part de la limite méridionale de l’enceinte de la fin du Moyen Age.

La fouille, côté corps de place, n’a pas révélé de sol d’occupation manifeste mais plutôt des niveaux de circulation liés à la récupération des matériaux de construction, mais il faut tenir compte ici de la faible ampleur du décapage dans ce secteur. Le futur aménagement de ce secteur à la visite devrait permettre une première reconnaissance archéologique de l’intérieur de la forteresse.

Ces résultats livreront leur plein intérêt une fois comparés à ceux déjà obtenus en 1991, 1994 et 1996, avec en particulier des informations nouvelles sur les phases de constructions les plus anciennes du château et sur le mobilier archéologique du château de la Renaissance au XVIIIe siècle.

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Saint-Léonard-de-Noblat - Place Denis Dussoubs

1999

Moyen Age

Patrice CONTE

Les abords de la collégiale de Saint-Léonard-de-Noblat ont fait l’objet, depuis 1996, de reconnaissances archéologiques systématiques (fouilles préventives et évaluations). Au sud-ouest de l’édifice, les travaux de 1996 avaient mis au jour une partie d’une nécropole et plusieurs autres vestiges médiévaux ou de l’époque moderne aqueduc, voiries, murs... ( B.S.R. 1996, p.45 46). En 1997, une nouvelle campagne portait sur le tracé de la rue Salengro et permettait de dégager partiellement deux murs appartenant à une grande construction sous l’emprise actuelle de la voirie (BSR 1997, p.41-42). En 1999, dans le cadre d’un projet municipal d’aménagement de la place Denis Dussoubs, une nouvelle évaluation a porté sur le secteur situé au sud-ouest de la Collégiale et délimité par la rue Salengro. Cinq sondages d’ampleur variable ont révélé de nouveaux vestiges et confirmé, par ailleurs, la présence de structures reconnues lors des précédentes opérations. 

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Les deux premiers sondages (1 et 5 sur fig.), les plus proches de la nef, ont livré à très faible profondeur, plusieurs aménagements fortement arasés deux fosses vers l’est, un reliquat de structure de combustion (four à cloche ? forge ?) et plusieurs murs conservés sur une faible hauteur. Les sources écrites et plusieurs documents graphiques du XVIIIe s. mentionnent, dans ce secteur, la présence de deux chapelles, accolées à la nef de la collégiale Saint-Michel et la chapelle des Pénitents Bleus. Les restes de constructions découverts appartiennent selon toute hypothèse à ces bâtiments, transformés au XVIIIe s. en ateliers de forgeron. On notera que les murs fossilisent plusieurs fosses peu profondes et allongées que l’on interprète comme étant d’anciennes sépultures. Celles-ci marquent probablement la limite d’extension du cimetière médiéval repéré au nord-ouest, devant le parvis de la collégiale, en 1996.

 Dans le sondage 2, dans la zone médiane de la place, deux types de vestiges ont été découverts sous un remblai largement remanié une étroite tranchée fossilisée par l’extrémité d’une fosse à chaux d’époque moderne. Le conduit pourrait être le prolongement de la galerie souterraine repérée en 1996 à l’angle ouest de la collégiale.

 Les deux derniers sondages situés dans la partie méridionale de la place avaient pour objectif d’infirmer ou confirmer la présence du bâtiment découvert en partie sous la rue en 1997. Le sondage 4, le plus au sud, montre une stratigraphie complexe témoin des nombreux remaniements de cette partie de la place. Le mur oriental du bâtiment n’existe plus à cet endroit mais son existence est attestée en négatif par une tranchée de récupération. Des lambeaux de sols ont par ailleurs livré quelques rares tessons que l’on attribue au Haut Moyen Age.

 Enfin, le dernier sondage, ouvert vers l’angle nord-est du tracé hypothétique du bâtiment (secteur 3) a permis de confirmer la présence d’un mur en retour complétant partiellement le plan du bâtiment. Dans ce secteur, du matériel céramique XVle-XVIle s. traduit une réutilisation de l’édifice à l’époque moderne avec, en particulier des traces de métallurgie du cuivre. Seul, désormais, l’intérieur du bâtiment reste largement méconnu.

 Le nombre élevé de structures d’époques diverses, leur intérêt par rapport à l’environnement de la collégiale, des bâtiments conventuels et probablement en relation avec le château épiscopal justifient pleinement la poursuite des investigations si le projet d’aménagement de la place se confirmait.